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Somerset; elle est de 100 francs en moyenne, et atteint le double et même le triple dans la vallée. Un pays qui réunit tant d’avantages, qui se trouve à une faible distance de Londres et qui a dans son propre sein des débouchés comme Bath et Bristol, qui a été d’ailleurs favorisé par la nature de cette belle végétation herbagère et qui en retire une rente si élevée, semblerait devoir jouir d’une grande prospérité. La population souffre cependant; l’excès de population est la cause manifeste de cette souffrance. C’est cet excès même qui, en provoquant une concurrence extrême pour les fermes, a amené à la fois l’élévation de la rente et la trop grande division de la culture. Depuis 1801, la population du Somerset est passée, de 280,000 âmes, à 456,000; la richesse n’a pas augmenté dans la même proportion : de là le défaut d’équilibre signalé, et qui ne peut se guérir que par une augmentation de production ou une réduction de population.

Le comté de Glocester, qui touche au Somerset, se divise en deux parties : ce qu’on appelle les costwolds ou les hauteurs, et ce qu’on appelle la vallée ou les plaines qui bordent les rivières de la Severn et de l’Avon. Ces deux contrées agricoles, étant très différentes, doivent être étudiées séparément.

Les costwolds forment une série de plateaux de 5 à 600 pieds d’élévation au-dessus de la mer, entrecoupés de vallées peu profondes. Le sol en est maigre, et le climat froid. C’étaient autrefois à peu près uniquement des pâturages à moutons; mais la culture s’est peu à peu répandue sur ce sol naturellement improductif, et grâce à l’assolement de Norfolk et aux achats d’engrais supplémentaires, on y a obtenu des résultats remarquables. La moyenne de la rente atteint aujourd’hui 50 francs l’hectare. Les fermes sont vastes, et les fermiers aisés en général. L’écobuage est très usité, mais cette pratique est mieux entendue qu’en France; au lieu de semer sur le terrain écobué une céréale qui l’épuisé du premier coup, on y sème d’abord des turneps, qui sont mangés sur place par des moutons, puis de l’orge avec des graines fourragères; le trèfle occupe la troisième année, et le froment n’arrive qu’à la quatrième. Le principal bétail des costwolds est encore le mouton. L’ancienne race du pays, devenue, par les perfectionnemens modernes, une des plus belles de l’Angleterre, rivalise avec les Dishley et les south-down. Les moutons des costwolds sont gras à un an, et se vendent avec leur laine de 40 à 50 francs. En résumé, l’agriculture des costwolds, justement considérée comme une des plus avancées, peut être présentée comme un modèle pour les sols légers et pauvres.

C’est dans les costwolds que se trouve le collège agricole de Cirencester, fondé par une réunion de souscripteurs sur un domaine appartenant à lord Bathurst et loué spécialement à cet effet. Les