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le parc même du château. Elle n’a pas moins de 1,800 acres ou 720 hectares, dont 200 eu pâtures permanentes, et le reste en terres arables exactement soumises à l’assolement quadriennal. On y entretient 250 têtes de gros bétail, 2,500 moutons south-down et 150 cochons. On peut encore visiter avec fruit la ferme de Castleacre, qui a 1,500 acres ou 600 hectares, et plusieurs autres justement renommées ; on trouvera partout les mêmes principes appliqués avec la même largeur et suivis des mêmes résultats. Toute cette terre qui ne portait autrefois que du seigle, n’en porte plus aujourd’hui un grain, et ou y voit les plus belles récoltes de froment à côté du plus beau bétail du monde. Le comte actuel de Leicester est le digne successeur de son père.

L’amélioration agricole du comté de Bedford n’a été ni moins complète ni moins rapide que celle du Norfolk. Il y a moins d’un siècle, les trois quarts de ce comté n’offraient que des communaux incultes. Ces terrains improductifs ont été successivement divisés, enclos et cultivés. Aujourd’hui, grâce à l’assolement quadriennal, ils ont pris rang dans la bonne moyenne des terres anglaises. C’est que là aussi il s’est trouvé, connue dans le Norfolk, un promoteur puissant et infatigable de la révolution : le célèbre duc de Bedford, qui y a gagné, comme lord Leicester, une fortune énorme. Une visite au château de Woburn, résidence des ducs de Bedford, et dans les fermes qui en dépendent, est le complément obligé de la visite à Holkham. Auprès des galeries historiques qu’ornent en foule des portraits de Van Dyck et où revivent à chaque pas les souvenirs de membres illustres de la famille Russell, des princes et des grands hommes de leur temps, on voit d’autres galeries pleines de dessins et de modèles de charrues, de figures d’animaux de diverses races, d’échantillons choisis de plantes cultivées, enfin tout un musée rural. La maison de Bedford n’est pas moins fière de ces trophées que des autres. La conduite du duc actuel envers ses fermiers et journaliers est encore présentée comme un modèle; il a fait réviser, depuis la crise, toutes les rentes, et offert à ses fermiers des conditions nouvelles qui ont été acceptées avec empressement; quant à ses journaliers, il a fait bâtir pour eux d’excellens cottages avec de petits jardins attenans, des écoles pour leurs enfans, des églises, etc. Ces actes de bienveillance ne lui imposent au fond aucun sacrifice, ils n’exigent que des avances. En fait, la rente de ses domaines n’a pas sensiblement baissé, elle pourra même s’accroître par suite des travaux considérables qu’il a fait faire en drainage, constructions rurales et autres améliorations foncières. Le secours qu’il a donné à ses fermiers a été plus apparent que réel; en leur laissant le choix d’un bail à rente fixe ou d’une rente en blé, il a relevé leur confiance et excité leur