Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/1268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avait-elle point été négligée au contraire, ainsi que l’attestent les anciens ministres de La Haye ? Là était la question. Le fait est que, provoqué à donner de nouveaux renseignemens, le ministre actuel du culte catholique, M. de Lightenveldt, qui a fait l’été dernier un voyage à Rome, a déclaré qu’à ses yeux il n’était point douteux que la communication préalable n’eût été faite par la cour de Rome. Cette conviction, M. de Lightenveldt la puisait dans tout ce qu’il avait vu à Rome ou dans ses bureaux. Tout avait servi à lui démontrer que la communication avait eu lieu. Une lettre de l’internonce à La Haye, d’une date antérieure à l’organisation catholique, en faisait mention. Il existait dans les bureaux du ministère même une note sur laquelle étaient portés les chiffres probables des dépenses que l’érection de nouveaux évêchés allait entraîner. On comprend la gravité des paroles de M. de Lightenveldt après les accusations portées contre la cour romaine au moment où elle avait organisé le culte catholique en Hollande. Il se trouvait en définitive que le saint-siège avait rempli une formalité à laquelle il n’était même pas rigoureusement tenu, il est vrai de dire que, répondant aux assertions de M. de Lightenveldt, les anciens ministres, M. Thorbecke. M. van Bosse, M. Strens, ont à leur tour nié qu’aucune communication leur eût été faite. Or, la discussion une fois engagée dans cette voie d’assertions contradictoires, que pouvait-il en résulter ? Rien sans doute. C’est au public de peser les témoignages. Quant à la chambre même où ce débat s’agitait sur la proposition de M. Groen, elle n’a pu que passer outre, en réduisant la question à un malentendu involontaire. Au fond cependant, l’impression dernière qui doit résulter de cet incident a sa gravité, puisqu’il montre qu’une assertion douteuse a pu avoir sa part dans l’agitation religieuse qui a existé un moment eu Hollande il y a quelques mois.

CH. DE MAZADE.



REVUE MUSICALE

La réouverture du Théâtre-Italien a eu lieu cette année avec un certain éclat. Un nouveau directeur, M. Ragani, a succédé à M. Corti, qui a dû se retirer d’une entreprise difficile. En s’efforçant d’acclimater à Paris la bruyante musique de M. Verdi, dont s’est affolée depuis vingt ans la pauvre Italie, M. Corti a commis une faute qui devait ruiner tous ses projets. C’est en vain qu’il a essayé de lutter contre la légitime indifférence des dilettanti, restés fidèles à la bonne école italienne. M. Ragani a su mettre à profit l’expérience de son prédécesseur : il s’est entouré d’abord de tout ce qui nous reste encore d’artistes capables de chanter un morceau sans efforts et sans contorsions prétendues dramatiques, et il a inauguré la saison tout bonnement parmi chef-d’œuvre consacré, la Cenerentola de Rossini ; aussi le public est-il accouru en foule à cette fête qui lui promettait des plaisirs exquis dont il est sevré depuis si longtemps, Après la Cenerentola et l’Alboni, est venue la Lucrezia de Donizetti avec Mario, qui a reparu avec plus d’avantage dans I Puritani, de Bellini.