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aux continens, et que, prenant pour guide les belles cartes physiques de Johnston, on ait sous les yeux ou dans la mémoire la disposition des chaînes de montagnes, soit montagnes de roches, soit montagnes volcaniques, ainsi que les bassins des fleuves, des lacs ; et comme le terrain de plusieurs contrées contient en dépôt les débris des êtres vivans qui, à des époques antérieures, ont vécu à ciel ouvert dans ces mêmes contrées, nous supposerons au besoin qu’on puisse reconstruire la nature animée à chacune de ces époques.

Cela posé, occupons-nous d’abord des phénomènes que présente la terre prise dans son ensemble. Après avoir répété que la terre, les eaux, l’atmosphère et les agens ignés de la chaleur, de la lumière ou de l’électricité sont la nature entière, voyons ce que nous dit l’état de la première de ces quatre grandes divisions du globe.

L’aspect superficiel de ce monde est celui d’une vaste ruine produite par une rupture de la croûte rocheuse du globe qui forme les continens, rupture qui, en occasionnant la dépression des terrains actuellement noyés par la mer, a fait surgir d’autres terrains primitivement noyés. Ainsi, au moment de la dernière catastrophe, les terrains occupés aujourd’hui par l’Atlantique étant descendus au-dessous du niveau de la mer, les terrains aujourd’hui à sec de l’Europe sont alors sortis de dessous les eaux et ont paru à ciel ouvert. Les couches qui forment le sol de l’Europe, s’enfonçant graduellement sous l’Atlantique, vont reparaître dans l’Amérique, et dans l’intervalle elles forment le fond du bassin des mers sur une étendue de 6,000 kilomètres. Nous en dirons autant des autres mers et des autres terrains découverts ; mais on trouvera peut-être difficile d’admettre que la France, que la localité de Paris aient servi de fond à une mer actuellement déplacée. En consultant les archives du monde primitif déposées dans les carrières gypseuses de Montmartre, on est tout surpris de trouver que trois fois cette contrée a été le fond d’un océan sans nom pour nous. En effet, voici l’ordre des dépôts qui recouvrent à Paris le terrain primitif, lequel ne contient aucune trace d’êtres vivans : 1° une couche de dépôt d’animaux marins : 2" au-dessus une couche de débris d’animaux terrestres : c’est la première époque où le sol de Paris ait fait partie d’un continent à ciel découvert ; 3° une seconde couche d’animaux marins indiquant que le sol, par une catastrophe, s’était enfoncé de nouveau sous la mer et recevait des dépôts d’animaux maritimes ; 4° une seconde couche d’animaux vivant dans l’air, et dont plusieurs espèces (l’homme excepté) sont analogues à nos espèces actuelles ; 5° encore une invasion de la mer et des dépôts maritimes ; 5° enfin retour du sol à la clarté du ciel et dépôts actuels progressifs de nos animaux et des hommes de notre époque. Mais, dira-t-on, en est-il de même partout ? Le même