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steeple-chase se trouvent réunies. C’est aussi dans ce comté que se fabrique le laineux fromage de Stilton, et que se trouve la ferme de Dishley-Grange, autrefois occupée par Rakewell, d’où est sorti le grand principe de la transformation des animaux domestiques, une des plus utiles conquêtes du génie humain. Malgré sa prospérité traditionnelle, le Leicester n’a pas été tout à fait à l’abri de la crise. Comme la plupart des pays d’herbages, il s’était endormi dans son succès ; comme eux aussi, il s’était trop laissé envahir par la petite propriété et la petite culture : petits propriétaires et petits fermiers se sont trouvés également sans défense contre la baisse. Quelques changemens de personnes sont devenus nécessaires, et s’effectuent assez rapidement. Le petit comté de Rutland, qui n’a pas 40,000 hectares, ressemble en tout au Leicester.

Le comté de Stafford est peut-être le plus grand exemple qui existe en Angleterre, avec le comté de Lancastre, de la puissante influence que le voisinage de l’industrie exerce sur le développement agricole. Ce pays est naturellement aride et sauvage, à l’exception de la vallée de la Trent et de quelques autres. Les montagnes qui le traversent s’élèvent à 1,000 pieds anglais au-dessus du niveau de la mer. Les districts industriels sont situés précisément dans les parties les moins fertiles ; ils se divisent en deux groupes : les poteries au nord, qui s’approchent du comté de Lancastre, et les usines métalliques au sud, qui vont jusqu’aux portes de Birmingham. Grâce aux progrès sans exemple qu’ont faits et que font tous les jours ces industries, la population du comté est aujourd’hui de plus de 600,000 âmes sur une étendue totale de 300,000 hectares. Quand une pareille population est rassemblée sur un point, il faut que la terre soit bien rebelle pour qu’elle ne soit pas forcée de produire. Aussi la rente dans le Stafford s’élève-t-elle en moyenne presque aussi haut que dans les comtés de Worcester, de Warwick et de Leicester. Le seul produit des poteries est évalué par les économistes anglais à 1,500,000 liv. st., ou plus de 37 millions par an ; les usines à fer produisent annuellement 600,000 tonnes ; cette richesse reflue sur l’agriculture.

La grande propriété domine dans le Stafford, comme dans tous les pays originairement peu fertiles. Le duc de Sutherland, comme héritier des lords Stafford, le comte de Lichtfield, lord Willoughby, lord Talbot, lord Hatherton, le marquis d’Anglesea, sir Robert Peel, sont les plus grands propriétaires du comté. Les fermes sont généralement louées à l’année, et les fermiers le préfèrent, ce qui indique tout de suite d’excellens rapports entre le propriétaire et le tenancier. La crise s’est parfaitement passée ; les propriétaires ont eu peu de concessions à faire, leurs fermes étant en général louées à un taux modéré, et les fermiers étant assez a l’aise pour supporter momentanément