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du gros bétail, un tiers à la nourriture des vaches laitières. Un des produits les plus estimés d’Aylesbury est une espèce magnifique de canards blancs, qu’on élève surtout dans les cottages des petits cultivateurs, et qui font, avec John Hampden, l’orgueil du comté de Buckingham.

Le Berkshire touche au comté de Surrey, en remontant la Tamise. La nature du sol y est très variée ; à l’est, c’est le même terrain sablonneux et pauvre que dans les comtés de Surrey et de Hants : là se trouvent la forêt de Windsor et des étendues de landes incultes ; ailleurs, ce sont des collines calcaires ou downs, de la même nature que ceux de Sussex et de Dorset, — et au nord de ces downs, une vallée renommée par sa fertilité, qu’on appelle la Vallée du Cheval blanc, parce qu’on a cru trouver la forme d’un cheval dans une des collines crayeuses qui la bordent. La principale industrie de la vallée est la fabrication du fromage qui passe dans le commerce pour fromage de Glocester. Les collines calcaires nourrissent des troupeaux de moutons qui appartiennent à l’espèce des sotih-downs, originaires de dunes analogues. Du côté de Faringdon, on engraisse beaucoup de cochons, la race du comté de Berks étant une des meilleures de l’Angleterre. On y trouve peu de grandes fermes et beaucoup de petites, il reste même quelques yeomen ou petits propriétaires cultivant eux-mêmes.

Parmi les novateurs, on parle avec éloges d’une ferme dirigée près de Reading, par sir John Conroy, gentilhomme nourri dans les camps et dans les cours, qui s’est adonné à la culture depuis quelques années seulement, et qui parait, avoir obtenu un grand succès. Cette ferme a 320 acres ou 128 hectares ; sir John a commencé par un travail général de drainage et de défoncement qui lui a coûté 750 fr. par hectare ; ce début doit faire juger de ce qui a dû suivre. Mais la ferme la plus célèbre du Berkshire est celle de M. Pusey, membre du parlement, président actuel de la société d’agriculture d’Angleterre. Cette ferme contient environ 150 hectares ; toutes les parties de la culture y sont également soignées, mais on admire surtout ce qui est fait pour l’élève et l’engraissement des moutons. Le troupeau se compose de 800 têtes, dont moitié de brebis portières. L’hiver, il est nourri de racines, et l’été dans des prairies arrosée. Ces prairies sont ce qu’il y a de plus remarquable chez M. Pusey. Il a fait venir du Devonshire un irrigateur expérimenté ; les travaux lui ont coûté environ 350 francs par hectare. Le produit parait énorme, puisque sur une étendue de 2 acres ou 80 arcs, il prétend nourrir pendant les cinq mois d’été 73 beaux moutons south-down, ou 90 par hectare. Les moutons sont enfermés sur les prairies dans des parcs : on déplace les parcs quand l’herbe est mangée, on