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SECTES RELIGIEUSES


AU XIXe SIECLE.




LES IRVINGIENS ET LES SAINTS DU DERNIER JOUR.


I. The Mormons or Latter-Day Saints, a contemporary hislory, London. 1852. — II. A Narrative of Events affecting the position un the prospects of the whole Christian Church. — A few Words about Irvingism, London, 1848. — III. Publications diverses sur la secte des Mormons, Philadelphie, 1852.




Les églises protestantes ont vu depuis un quart de siècle se produire dans leur sein un mouvement qui mérite l’attention la plus sérieuse. La tendance à l’autonomie, qui est le propre de ces églises, a engendré en Angleterre et en Écosse des conséquences dont il est encore difficile de prévoir la portée ; mais c’est aux États-Unis surtout que les manifestations les plus singulières se sont récemment multipliées : c’est à deux sectes américaines, — celles des Irvingiens et des Mormons, — que revient l’honneur plus ou moins enviable d’avoir formulé avec le plus d’audace les doctrines qui découlent de la nouvelle interprétation du protestantisme. L’histoire de ces deux sectes a donc sa place, comme un chapitre de quelque importance, dans l’histoire des idées religieuses au XIXe siècle. Nous essaierons de la retracer, ou du moins d’en rapprocher ici les principaux élémens, d’après les documens les plus dignes de foi.

Un lien qu’on a trop peu remarqué unit le mouvement religieux de l’Amérique du Nord à celui de l’Angleterre et de l’Écosse. Ce lien est le principe de l’indépendance de l’église vis-à-vis de l’état, pratiqué avec mesure dans le royaume-uni, sans restriction au-delà de l’Atlantique. La liberté religieuse est presque toujours dans un rapport assez étroit avec le milieu politique où elle se développe. C’est ainsi qu’en Angleterre, où le gouvernement est entre les mains de l’aristocratie, l’église a adopté un régime tout aristocratique.