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LE


ROMAN BIBLIQUE


EN AMERIQUE.




I. — The Wide, Wide World, par Elizabeth Wetherell, 1852.
II. — Queechy, du même auteur ; London, G. Rountledge ; Paris, Stassin et Xavier, 1853.




Presque tous les voyageurs ont noté, mais insuffisamment selon nous, la place que tient la bible dans la vie américaine. Pour montrer dans toute sa puissance, dans toute son intensité croissante, l’influence biblique telle qu’elle s’exerce aux États-Unis, c’est trop peu des rapides aperçus que comporte un récit de voyage. Le cadre plus vaste ou plus souple permet seul de suivre cette influence dans ses directions si variées, tantôt réglant la vie privée, tantôt dominant la vie publique. Mieux que toute autre forme peut-être, celle du roman se prête à cette curieuse étude, et c’est un romancier en effet qui a entrepris, dans deux récits également remarquables, de signaler ce grand trait du caractère national. Mistress Wetherell, qui, en deux ou trois ans, s’est fait une réputation littéraire, était doublement préparée pour cette tache, par un vif sentiment religieux d’abord, puis par un talent d’observation qui sait ne négliger aucun détail du tableau le plus complexe, et qui, dominant chez elle la passion même, garantit la sévère fidélité de ses portraits.

Déjà, dans le roman de mistress Beecher Stowe, ce sentiment biblique éclatait : il se retrouve encore plus marqué, encore plus sérieusement affirmé dans le commentaire apologétique qu’elle vient de