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contribuent puissamment à entretenir le mouvement de ses métiers.

Dans les autres cités manufacturières du groupe des Cévennes et des Garrigues, les ouvriers de l’industrie textile ne pratiquent que la bonneterie, à l’exception de la petite ville de Sommières, où se confectionnent ces étoffes grossières appelées limonsines, destinées aux manteaux des routiers. Les bonnetiers du Vigan, dans le Gard, et de Ganges, dans l’Hérault, qui ont considérablement accru leurs opérations depuis quelques années, sont renommés pour le bon marché de leurs produits. Au besoin cependant, on y sait attaquer aussi les articles de luxe, surtout à Ganges, où les broderies et les dessins à jour s’exécutent avec une finesse merveilleuse.

Sur un des points de la même contrée, les ouvriers des grandes usines d’Alais et ceux des houillères de la Grand’Combe accomplissent une tâche d’un ordre tout différent. Le chemin de fer qui conduit chez eux, et qui n’a qu’une seule voie, part de Nîmes et monte d’abord pendant 10 kilomètres à travers un pays aride et triste ; mais ensuite, à mesure qu’on descend vers le village de Ners, où se réunissent les deux torrens qui portent le nom de Gardon, le Gardon d’Alais et le Gardon d’Anduze, la campagne prend un aspect de plus en plus frais et vivant. Des mûriers alignés symétriquement dans les champs charment les yeux par l’éclat de leur feuillage. La ville d’Alais est assise entre des coteaux chargés d’arbres jusqu’au faite, au sein d’un vallon qui ressemble à une corbeille de verdure. – Une ligne de quais magnifiques, dont la base, durant l’été, est à peine baignée par des eaux rares et inoffensives, garantit la cité contre les débordemens périodiques et terribles du Gardon. Singulière circonstance ! au milieu de ces collines boisées, l’industrie manque d’eau pour entretenir des moteurs hydrauliques. Dans les hauts-fourneaux et les forges d’Alais, on n’a pour ressource qu’un réservoir alimenté par une pompe aboutissant au Gardon, et tous les appareils sont exclusivement mus par la vapeur. Établies dans un site’ enchanteur, dont les aspects doux et calmes sembleraient mieux convenir aux loisirs champêtres qu’aux travaux d’une bruyante industrie, ces usines possèdent l’avantage trop rare en France d’avoir à peu de distance le minerai et la houille. L’extraction du minerai est une besogne facile dont se chargent volontiers les ouvriers de la localité. Les travailleurs employés autour des brasiers intérieurs ont une tâche beaucoup plus rude, que les enfans de ces molles vallées abandonnent à des ouvriers étrangers, pour la plupart Belges ou Piémontais. L’industrie métallurgique, avec les sept ou huit cents individus qu’elle emploie, n’en occasionne pas moins un mouvement d’affaires dont profite toute la population du pays. Il faut en dire autant, à plus forte raison, des mines de la Grand’Combe, situées à 18 kilomètres d’Alais. Ces mines