Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 3.djvu/633

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

régions les plus lointaines ; bien que l’émigration se soit élevée l’année dernière à 1,000 personnes par jour, le flot de la population monte toujours, au moins dans la Grande-Bretagne, et la demande de travail inouïe plus vite encore. Au train qu’ont pris les choses, on ne serait pas surpris de voir bientôt la viande, à Londres à 1 shilling la livre anglaise, ou 3 fr. le kilo. Quel immense surcroît de consommation une pareille hausse suppose !

Le colonel Challoner a porté un toast à l’union de l’agriculture, des manufactures et du commerce, ce qui était, sous une autre forme, la reproduction des opinions émises par lord Ashburton. Lord Harrowby en a porté à son tour un aux classes laborieuses, qu’il a accompagné de quelques nobles paroles, et qui n’était encore que l’expression de cette grande idée, que tous les intérêts bien entendus sont solidaires, ceux des classes Inférieures avec ceux des classes supérieures, aussi bien que ceux de l’agriculture avec ceux de l’industrie et du commerce. Quand une nation en est là, tout devient possible pour elle, el un avenir indéfini s’ouvre pour la grandeur nationale comme pour la prospérité des individus. Il y a déjà longtemps qu’on s’en doute en Angleterre, car Pope, l’a dit un des premiers dans un vers admirable, toute discorde n’est qu’une harmonie incomprise :

All discord harmony not understood.

Tel est le résumé rapide de cette belle fête. L’année prochaine, le meeting de la Société royale se tiendra à Lincoln, au centre du Comté le plus florissant peut-être sous le rapport agricole. Ceux qui ont fait cette année le voyage de Glocester pour voir l’exposition ont pu compléter leur excursion en visitant, à peu de distance de cette ville, le collège royal agricole de Cirencester. Ce collège a été fondé en 1845 par une société de souscripteurs, sous le patronage du prince Albert ; les plus grands noms de l’aristocratie anglaise figurent parmi les souscripteurs comme parmi ceux de la Société royale. On y enseigne les sciences au point de vue de la culture. Une ferme de 700 acres ou 280 hectares, louée à lord Bathurst, y est annexée ; les bâtimens sont disposés pour recevoir 200 élèves. Le collège royal de Cirencester a été fondé quelques années avant notre institut agronomique, et il lui a survécu, bien que les pertes, s’il y en avait, dussent être supportées par des bourses privées. Voilà encore une leçon que nous donnent nos voisins.

Agréez, etc.


LEONCE DE LAVERGNE.




MEMOIRES DE DANIEL DE COSNAC, archevêque d’Aix, publiés par le comte Jules de Cosnac[1]

L’une de nos associations littéraires les plus actives, la Société de l’Histoire de France, poursuit depuis tantôt vingt ans, avec une persévérance infatigable, le cours de ses études et de ses publications. À partir de 1837, elle a édité chaque année un annuaire qui renferme pour l’étude du moyen age des renseignemens fort utiles, et de plus elle a donné une

  1. 2 vol. in-8o ; Paris, Renouard.