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année et suivant chaque localité. Je prends l’année 1849 comme exemple, tout en faisant remarquer qu’elle a été particulièrement chargée, et que la taxe des pauvres a beaucoup diminué depuis. D’après l’évaluation cadastrale opérée en 1841 sous le contrôle des commissaires de la loi des pauvres, le produit net de la propriété immobilière en Irlande montait à 13,187,421 livres sterling. En 1849, la charge du poor rate a été de 2,177,651 livres sterling, c’est-à-dire à peu près le sixième du revenu présumé. Encore la réduction de la dépense ne peut-elle être proportionnelle à l’amélioration future de la condition du peuple. Un tiers de la taxe est dévoré par les frais généraux et permanens des poor houses ; c’est la condition nécessaire du système. L’évaluation en chiffres français des frais de l’administration pour le soulagement des pauvres fera mieux ressortir l’énormité de l’abus : cette administration coûte en Irlande 17 millions avant qu’un seul malheureux ait été secouru ; mais les moyennes ici donnent une idée très insuffisante des cas particuliers. Quand on parle de l’Irlande comme d’un tout, on se sert d’une expression fausse : la situation du nord ne ressemble à aucun degré à celle de l’ouest. L’effet de la taxe des pauvres a donc dû être très différent en Ulster et en Connaught, très différent aussi pour chaque localité dans chacune des provinces, car les frais généraux du poor house se prélèvent par union[1], et les frais d’entretien des pauvres sont répartis entre les districts électoraux relativement au nombre des habitans de chacun de ces districts qui ont été secourus. Je prends quatre exemples, deux dans l’Ulster et deux dans le Connaught.


liv. sterl.
Londonderry (dans l’Ulster) Evaluation du revenu 111,959
« Poor rate en 1849 7,199
Lislburn Evaluation du revenu 136,397
« Poor rate en 1849 4,294

On ne peut considérer dans les lieux qui viennent d’être cités la taxe des pauvres comme un fardeau accablant ; mais cette taxe n’est pas un cess ou impôt fixe, c’est un rate, en d’autres termes une contribution qui s’accroît indéfiniment en proportion des besoins, comme une assurance mutuelle. Voyez ce qui se passe dans le Connaught :


liv. sterl.
Westport Evaluation du revenu 38,876
« Poor rate en 1849 32,113
Clifden Evaluation du revenu 22,426
« Poor rate en 1849 22,526
  1. On appelle union, en Irlande, une division du comté dont la superficie tient le milieu entre l’étendue d’un arrondissement et celle d’un canton français. Le district électoral est une subdivision de l’union.