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qu’entendre Saint-Martin lui-même. La lecture d’un pareil ouvrage transporté l’esprit bien loin du temps présent, et c’est par là qu’elle nous paraît convenir au temps présent.

CHARLES DE REMUSAT.


Nous avons déjà parlé d’une correspondance russe écrite à Paris par M. Ph. Chasles, professeur au Collège de France, traduite et publiée en russe à Saint-Pétersbourg, dirigée en général contre la société et la littérature françaises, en particulier contre la Revue des Deux Mondes et son directeur. Le Journal de Saint-Pétersbourg, publié en français, nous apporte à ce sujet une pièce que nous devons mettre sous les yeux de nos lecteurs. Cette pièce, tout honorable pour les rédacteurs de la Gazette (russe) de Saint-Pétersbourg, prouve que, mieux éclairés sur le caractère de la correspondance de M. Ph. Chasles, ils n’ont pas hésité à se séparer de leur correspondant. Voici en effet ce que nous lisons dans le Journal de Saint-Pétersbourg à la date du 24 juin (6 juillet) dernier : « M. le rédacteur de la Gazette (russe) de l’Académie nous prie d’insérer la déclaration suivante : « Nos lecteurs ont déjà connaissance d’un procès littéraire très désagréable pour nous, puisqu’il a été intenté contre un de nos correspondans, M. Philarète Chasles, qui s’est rendu coupable d’attaques dirigées contre M. Buloz, directeur de la Revue des Deux Mondes. Ce n’est point à nous de juger l’affaire ; mais nous croyons de notre devoir d’annoncer : 1° que, ne voulant pas donner lieu à des discussions qui nous sont étrangères, mais néanmoins fort désagréables, nous interrompons, avant la fin du procès, toutes relations littéraires avec M. Philarète Chasles ; 2° que toutes ses lettres qui ont paru jusqu’à présent dans la Gazette (russe) de Saint-Pétersbourg (gazette de l’Académie) ont été traduites par le sous-signé ; 3° que plusieurs expressions y ont été omises, mais que rien n’y a été ajouté, la rédaction s’étant vue obligée, d’ailleurs de remplacer quelques mots par d’autres à peu près équivalens, mais moins durs ; 4° enfin que l’original des lettres de M. Philarète Chasles est déposé à la rédaction de la Gazette (russe) de Saint-Pétersbourg.


A. OTSCHKINE, Rédacteur de la Gazette (russe) de Saint-Pétersbourg (gazette de l’Académie).


Ainsi le rédacteur de la Gazette (russe) de Saint-Pétersbourg ne s’est pas contenté de publier cette déclaration dans sa feuille, qui avait accueilli les lettres de M. Chasles ; il a voulu aussi qu’elle fut insérée en français dans le Journal de Saint-Pétersbourg, afin de mieux montrer sans doute que sa religion avait été surprise. Il s’est heureusement trouvé à Saint-Pétersbourg un journal et un écrivain pour répondre aux attaques dont nous étions l’objet sans le savoir ; nous remercions l’écrivain et le Journal (français) de Saint-Pétersbourg d’avoir, par une initiative honorable et bienveillante, provoqué la loyale déclaration de M. Otschkine. Cette déclaration de la Gazette (russe de Saint-Pétersbourg est un premier résultat qui nous permet d’attendre sans impatience le jugement de la magistrature française.


V. DE MARS.