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REMBRANDT


SA VIE ET SES ŒUVRES.





Rembrandt, né en 1606 à Leyerdorp, était le fils d’un meunier nommé Gerretsz. Comme son père avait amassé par son travail une certaine aisance, Rembrandt fut destiné à l’étude des lettres. Peut-être le meunier rêvait-il pour son fils la gloire du barreau ou la dignité de magistrat. Ce que nous savons d’une manière positive, c’est que Rembrandt, dès qu’il eut entre les mains une grammaire latine, manifesta son aversion pour ce genre d’étude. Au lieu d’apprendre docilement les déclinaisons et les conjugaisons, il s’occupait à dessiner tout ce qu’il voyait, depuis la tête du professeur jusqu’aux bancs de la classe. Quand il s’agissait de réciter sa leçon, il restait court, et son maître, pour punir sa paresse, le condamnait à étudier tandis que ses camarades allaient jouer. Comme la peinture, dans les premières années du XVIIe siècle, jouissait en Hollande d’une grande faveur, le meunier Gerretsz ne se fit pas longtemps prier pour renoncer à ses premières espérances. Voyant que son fils témoignait du dégoût pour l’étude des lettres latines, il ne s’obstina pas dans l’ambition qu’il avait conçue, et ne songea qu’au bonheur de son enfant. Il avait trouvé dans son moulin une sorte de richesse : pourquoi son fils, dans la pratique de la peinture, n’aurait-il pas une chance égale ? Gerretsz eut bientôt pris son parti. Il y avait alors à Leyde, c’est-à-dire à quelques lieues de son moulin, un peintre dont le nom serait aujourd’hui complètement oublié, s’il n’était associé dans l’histoire au nom de Rembrandt : ce peintre s’appelait Swanenburg. Gerretsz résolut de lui confier son fils.