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Oualan s’aperçoit de plus de 50 milles. Placée sur le passage des navires qui se rendent de la Nouvelle-Hollande en Chine, elle ne pouvait échapper longtemps aux regards des navigateurs. Elle fut signalée pour la première fois en 1804 par le capitaine américain Crozer, qui lui donna le nom d’île Strong, sous lequel elle est encore désignée par la plupart des marins étrangers. Il paraît toutefois qu’aucun Européen n’y avait débarqué avant les officiers de la corvette la Coquille. Poursuivant l’exploration des divers archipels de l’Océanie, le commandant de cette corvette, M. Duperrey, reconnut le 5 juin 1824, au milieu des récifs qui s’étendent à un mille au large de la pointe nord-ouest, un havre parfaitement abrité. M. Duperrey y jeta l’ancre et donna au port qu’il venait de découvrir le nom de havre de la Coquille. Deux officiers de la corvette, MM. Lottin et Bérard, chargés de lever le plan de l’île, rencontrèrent sur la côte opposée un nouveau port défendu des vents du large par la petite île Lélé, sur laquelle la plupart des chefs d’Oualan avaient fixé leur résidence. Ce port reçut le nom de havre Chabrol. Le récif qui entoure l’île présentait deux autres coupures qui donnèrent accès au port Lottin et au port Bérard. Sur tout autre point, le débarquement fut jugé impossible.

De ces quatre mouillages, le havre de la Coquille et le havre Chabrol offrent seuls une sécurité complète ; mais il est difficile d’entrer dans le premier, dont la passe se dirige vers l’ouest à travers de nombreux écueils ; il est plus difficile encore de sortir du second, dont l’ouverture est directement exposée à tous les vents.

Les renseignemens que je devais me procurer ne pouvaient s’obtenir que dans le port Chabrol ; il fallait y aller jeter l’ancre, dussions-nous y demeurer bloqués pendant plusieurs jours. J’envoyai un canot dans le milieu de la passe, brèche étroite autour de laquelle jaillissaient de hautes gerbes d’écume, et je donnai vent arrière entre