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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 septembre 1853.

Faut-il croire que la crise d’Orient est arrivée à son terme, ainsi qu’on le disait il y a quelques jours encore ? Doit-on penser plutôt qu’elle n’est rien moins que terminée, qu’elle ne fait au contraire qu’entrer dans une phase nouvelle et prendre un tour plus décisif en changeant d’aspect ? Elle serait terminée, si on consultait les penchans de l’opinion, les vœux des gouvernemens, une sorte d’impatience universelle d’eu finir avec cette éternelle question, posée devant l’Europe comme une énigme périlleuse et irritante. Elle n’est point au bout des surprises qu’elle nous réserve, si on observe les faits. D’un côté, les efforts continuent pour favoriser un accommodement, les cabinets agissent, la diplomatie redouble de zèle et de persistance dans la recherche d’une issue pacifique ; de l’autre, les incidens se succèdent chaque jour et échappent à toutes les prévisions. On n’a point oublié où en étaient assez récemment les affaires d’Orient. La conférence de Vienne avait mis toute son habileté, dans la rédaction d’une note destinée à tout concilier, — l’indépendance de l’empire ottoman, les griefs de la Russie et l’intérêt européen engagé dans ce conflit. On sait aussi que cette note, après avoir obtenu l’adhésion du tsar, allait à Constantinople, où le divan ne l’acceptait pas sans lui faire subir quelques modifications. Au premier abord, ces modifications n’étaient rien, disait-on ; bientôt on y apercevait quelque importance, et aujourd’hui enfin l’acceptation par l’empereur Nicolas de la note modifiée est devenue plus que douteuse. S’il en était ainsi, le but de la conférence de Vienne se trouverait manqué, et ce qu’il y a de plus grave, c’est qu’il serait manqué non par le fait de la Russie, mais par le fait de la Turquie. Expliquons-nous rapidement sur cette situation nouvelle, qui peut encore se dénouer heureusement par l’acquiescement du cabinet russe aux modifications proposées, mais qui peut devenir aussi, dans le cas d’un refus, le point de départ de complications d’un autre genre.

Quel était le but de la note préparée par la conférence de Vienne pour ser-