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pouvoir trop cacher le tombeau d’un être qui lui fut cher. Cette coutume lui venait-elle de l’Égypte ?

Le cimetière antique de Tarquinies est celui que les étrangers visitent le plus ordinairement, par la raison que l’on peut y aller de Rome en neuf heures. Cette nécropole est à un mille de Corneto, jolie petite ville remarquable par des édifices remplis de caractère et située elle-même à dix-neuf lieues de Rome. La nécropole de Tarquinies était vingt fois grande comme la ville, ce qui est fort naturel, quand on bâtit des cimetières éternels. C’est dans cette nécropole que MM. Bucci et Manzi de Civita-Vecchia ont pratiqué des fouilles étendues. Ce cimetière a une lieue et demie de long sur trois quarts de lieue de large.

À l’exception de quelques petits monticules, rien ne parait à l’extérieur ; on ne voit qu’une plaine nue, garnie de broussailles et presque de niveau avec le coteau sur lequel Corneto est bâtie ; on domine la mer, qui n’est qu’à une petite lieue de distance. L’amour de la culture, qui commence à renaître dans les environs de Rome, a profité, pour planter des oliviers, des longs fossés creusés pour aller à la recherche des tombeaux. La magnifique route due à la munificence du pape Grégoire XVI, et qui de Rome conduit à Pise, en suivant toujours le bord de la mer, passe à dix minutes de la nécropole de Tarquinies et tout près de la petite nécropole de Montalto, où M. Manzi vient de découvrir un vase peint estimé quatre-vingts louis. Les ouvriers d’Aquila, en approchant de la petite porte du tombeau qui contenait ce magnifique vase, trouvèrent des morceaux de charbon et deux cercles de roues en fer ; ils en conclurent que le personnage placé dans ce tombeau était un guerrier célèbre, et qu’on avait brûlé son char de guerre à la porte de son tombeau.

Les vases se trouvent, dans ces petites chambres souterraines, placés dans toute sorte de positions, tantôt sur les étagères ou plutôt dans les niches creusées le long des murs, tantôt suspendus à des clous fixés à ces murs. M. Donato Bucci avait dans ses magasins, à Civita-Vecchia, des coupes qui, après avoir été suspendues à des clous pendant une longue suite de siècles, ont fini par y adhérer, et ont emporté, fixée à une de leurs anses, une partie du clou oxydé auquel elles étaient attachées.

Une société d’amateurs des arts écrit de Rome à Civita-Vecchia ; on lui procure une permission de fouiller dans une des nécropoles environnantes ; on engage pour elle une compagnie de neuf ouvriers d’Aquila, qui, à 25 sous par tête, coûte 11 francs 5 sous par jour, et en dix journées, c’est-à-dire pour 112 francs 50 centimes, on peut voir exécuter sous ses yeux une fort jolie fouille. On trouve là le même genre de plaisir qu’à la chasse. Il est fort rare qu’en dix jours