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neur parmi les paysans des environs de Canino, Montalto, Corneto, Civita-Vecchia et Cervetri.

M. Donato Bucci, amateur passionné, ancien négociant en draps, commerce qu’il a abandonné pour celui des vases, a acquis des possesseurs du terrain le droit de fouiller dans de vastes localités. Comme les tombeaux étrusques sont de petites caves soigneusement recouvertes de trois ou quatre pieds de terre, rien ne parait à l’extérieur ; il faut aller à la découverte. À cet effet, M. Bucci fit creuser tout au travers de la plaine des fossés fort étroits, de six pieds de profondeur, et qui avaient quelquefois quatre ou cinq cents pas de long. Si, sur cent tombeaux que l’on rencontre, on en trouve un seul qui n’ait pas été dévalisé anciennement, la spéculation est excellente. Les ouvriers que l’on emploie et qui viennent d’Aquila, dans le royaume de Naples, sont payés à raison de 23 bajocchi (25 sous) par jour ; ils sont d’une probité parfaite et remettent fidèlement à la personne qui les fait travailler les pierres gravées, les as romains et autres médailles que l’on trouve, en assez grande quantité, dans cette antique patrie de la civilisation, maintenant inculte et presque déserte. Ces ouvriers d’Aquila reconnaissent au premier coup de bêche la terre qui n’a pas été ouverte depuis huit ou dix siècles. Il paraît que vers l’an 800 ou 1000, les tombeaux de Corneto ont été visités par deux genres de curieux : les uns cherchaient des métaux et laissaient les vases, ou quelquefois les brisaient de colère, apparemment ; d’autres avaient pour but la recherche des vases.

Mais je m’aperçois qu’il est temps de décrire les tombeaux où l’on trouve les vases peints et les vases noirs. Un tombeau étrusque est une petite chambre de douze à quinze pieds de long, sur huit ou dix de large, haute de huit pieds et revêtue ordinairement de peintures à fresque, fort bien conservées et fort brillantes au moment où l’on ouvre le tombeau. Ces tombeaux, tous également recouverts de quelques pieds de terre, sont pour la plupart creusés dans le nenfro, pierre tendre du pays.

Dans des niches creusées ou construites tout autour du tombeau, comme les étagères d’une armoire, sont déposés les corps, dans des caisses basses de nenfro. Quelquefois, au lieu de squelettes, on ne trouve que des débris d’os bridés. Il parait que le tombeau terminé, on comblait le trou où il avait été construit ; du moins aujourd’hui, rien absolument n’indique à l’extérieur l’existence d’un tombeau. En général, trois ou quatre pieds de terre recouvrent la partie supérieure, et pour parvenir à la très petite porte, il faut descendre à douze et même quinze pieds au-dessous du niveau général du plateau élevé où se trouve la nécropole de Tarquinies.

Je me hâte d’ajouter qu’il y a des tombeaux, peut-être d’une autre époque, qui sont annoncés par un monticule en terre de quinze à