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souterrains, et surtout pour les villes où le système de la suspension est presque impossible. Par exemple toutes les principales stations de Londres et des autres capitales sont reliées par des fils passant sous le pavé des rues ou des routes ; les fils sont recouverts de gutta-percha, et de plus ils traversent et suivent des tuyaux de fer ou de bois qui les protègent. Dans quelques pays du continent, en Prusse par exemple, le système souterrain était adopté dans ces dernières années à l’exclusion de tout autre ; mais en plusieurs localités les poteaux commencent à être préférés. Espérons que notre administration, forte de ses lumières et de celles de M. Bréguet, modifiera les propriétés de dilatation de la gutta-percha pour l’emploi commode des fils souterrains, emploi dont on s’est déjà si bien trouvé pour les câbles sous-marins.

Nous n’avons encore rien dit du plus intéressant de tous les télégraphes qui ne sont pas à ciel ouvert. À mesure que l’emploi du temps de l’observatoire royal de Greenwich devint général pour régler toutes les heures des stations sur un même point de départ et éviter la confusion périlleuse des heures, on sentit le besoin d’indiquer ce temps avec précision à Londres ; tel est le but du globe élevé dans le Strand. La compagnie du télégraphe électrique et l’astronome royal, M. Airy, se sont concertés pour l’exécution de ce plan. Un fil souterrain part de l’observatoire, traverse le parc de Greenwich, et, après avoir rejoint la station du chemin de fer, il arrive à Londres et à l’office télégraphique, dans le Strand. À L’extrémité supérieure du bâtiment est élevée une tige creuse dont l’intérieur donne passage à un fil électrique. Une grosse boule vide et légère peut se mouvoir haut et bas, monter et descendre de huit à dix pieds verticalement. À une heure moins dix minutes après midi, on la hisse presque au sommet de la tige qui la traverse, et à une heure moins cinq minutes on lui fait atteindre le sommet de ce petit mât. À une heure précise, à la seconde précise, la grande horloge régulatrice de l’observatoire de Greenwich met en mouvement une petite pièce mécanique qui envoie un choc électrique dans le Strand ; ce choc met lui-même en mouvement une autre pièce mécanique qui fait échapper la boule élevée, laquelle se précipite en bas sur un ressort d’air qui en amortit le choc. Comme cette boule volumineuse est à une hauteur de 130 pieds anglais au-dessus de la Tamise, qu’elle a six pieds de diamètre, qu’elle est peinte de couleurs vives et qu’elle parcourt un espace assez considérable, elle peut être aperçue à une grande distance de tous côtés, et tous ceux qui veulent régler leurs montres et leurs horloges peuvent le faire par le moyen de ce signal. De plus, une horloge réglée par l’électricité, de manière à suivre la grande horloge de l’observatoire royal, est illuminée la nuit et donne l’heure par quatre cadrans. Elle a été établie sur un massif carré, en avant de l’office télégraphique du Strand, et elle indique l’heure de Greenwich tout le jour et toute la nuit, c’est ensuite de l’office du Strand, relié ainsi à l’observatoire royal, que parlent les indications qui portent ce temps à toutes les stations. Il n’est pas douteux que plus tard l’heure de Greenwich sera celle de toute l’Angleterre. Cette disposition est regardée comme tellement utile, qu’il est question d’indiquer de même le temps de Greenwich aux capitaines qui s’approchent de la côte anglaise, en arrivant ou en partant, de manière qu’ils puissent régler leurs chronomètres. Par un temps de brouillard, le signal sera un coup de canon tiré