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Adeline Protat.

DERNIÈRE PARTIE[1].



I. — l’atelier de zéphyr.

L’étonnement manifesté par Lazare en voyant l’apprenti sabotier se révéler tout à coup sous un aspect aussi nouveau qu’imprévu et la curiosité admirative qu’il avait laissé voir en examinant les productions de Zéphyr n’avaient point échappé à celui-ci. Comme la visible aurore d’un orgueil naissant, une rougeur subite avait coloré son visage. En écoutant les éloges donnés à ses ingénieux travaux, l’apprenti éprouvait le sentiment de bien-être que le témoignage d’autrui, quand il est favorable, procure à tous ceux qui ont connu les défaillances du labeur ignoré, à tous ceux qui ont poursuivi l’accomplissement d’une œuvre, si humble qu’elle fût d’ailleurs, ayant à vaincre non-seulement les obstacles étrangers, mais encore à triompher des incertitudes qui les font douter de leur propre force. On comprendra facilement quelle valeur l’opinion de Lazare avait aux yeux de l’apprenti, et de quelle joie vinrent le remplir les marques de sympathie que la vue de ses petits ouvrages avait arrachées à la franchise du peintre.

Interrogé par l’artiste, qui était curieux de savoir comment la vocation de l’art s’était révélée à cette âme rustique, le jeune garçon lui raconta naïvement l’origine de ses premiers essais. Machinalement, et pour occuper ses heures de paresse, il s’était amusé à tailler des morceaux de bois avec un mauvais couteau. Cette distraction était

  1. Voyez les livraisons du 15 février, du 1er et du 15 mars.