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à l’occasion de ses fêtes, alors si recherchées). Quant à Ernest-Auguste, il ne se cachait pas de l’espoir qu’il caressait de s’emparer, au cas où son frère viendrait à mourir, de ses états, fiefs et domaines, lesquels, disait-il, devaient tôt ou tard faire retour à l’héritage commun, dont ils n’auraient jamais dû être distraits.

Telle était la situation des deux cours rivales, lorsque la maison de Hanovre, jalouse de s’agrandir de plus en plus, afficha des prétentions au chapeau électoral. Aussitôt le vieux George-Guillaume, auquel, en sa qualité d’aîné, cette dignité aurait dû échoir, remua ciel et terre pour empêcher son frère de réussir. En dépit des intrigues et des cabales, Ernest-Auguste l’emporta, et alors l’empereur d’Allemagne, pour accorder au frère aîné un juste dédommagement, éleva au rang de princesse du saint-empire l’épouse jusque-là morganatique de George-Guillaume. Par là furent consacrés dans l’avenir les droits éventuels de la jeune Sophie-Dorothée, fille d’Éléonore d’Olbreuse. On conçoit la mauvaise humeur que ressentit Ernest-Auguste en présence d’un pareil acte, qui devait ruiner tous ses plans sur le duché de Celle. Force était de recourir à d’autres combinaisons, et l’ambitieux duc de Hanovre comprit à l’instant l’immense parti qu’il pouvait, en ces circonstances, tirer de sa femme, l’électrice Sophie, à la condition que celle-ci voudrait bien quitter un moment ses livres et ses globes astrologiques pour s’occuper d’intérêts plus terrestres.


I

Depuis trois ans, le duc Ernest-Auguste règne et gouverne à Hanovre autant que le lui permet sa belle favorite, l’altière Elisabeth de Meissenberg, mariée avec M. de Platen, dont on a fait un comte et un grand chambellan selon l’usage. Elisabeth ayant une sœur fort douée aussi de grâces et d’attraits, le fils aîné d’Ernest-Auguste, George, prince héréditaire de Hanovre, l’a naturellement prise pour lui, se réservant, toujours selon la coutume des cours, de la donner en mariage à l’un de ses gentilshommes, honneur précieux échu depuis à M. de Busche[1].

Ernest-Auguste est dans son cabinet, lisant et relisant une épître

  1. Ces deux brillantes aventurières apparues un jour à l’horizon étaient, dit-on, les filles d’un certain comte de Meissenberg quelque peu ruiné et vagabond, lequel, dans ses nombreux voyages, commença par les vouloir offrir au roi Louis XIV. L’intrigue ayant été découverte et déjouée par Mme de Montespan, l’honorable roué prit, à ce qu’on assure, son vol du côté de l’Angleterre. Là, que se passa-t-il ? on l’ignore ; mais vraisemblablement le père et ses filles y trouvèrent, pour ruiner leurs projets de séduction, la duchesse de Portsmouth, de même qu’on avait rencontré en France la marquise de Montespan.