Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 2.djvu/647

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE DERNIER


DES KOENIGSMARK.




« Il y a quelques années que, revenant des eaux, ma voiture se rompit, et je dus, en attendant qu’elle fût réparée, m’arrêter à Celle pour plusieurs heures. » Ces lignes servent d’introduction à un récent écrit où les faits qui vont nous occuper sont discutés par un juge très compétent[1]. L’auteur, homme du monde et possédant à fond cette imperturbable connaissance des généalogies princières qui m’a toujours semblé distinguer particulièrement la noblesse hanovrienne, profite de son loisir forcé pour visiter la résidence des anciens ducs de Celle. Après s’être promené dans ces jardins aujourd’hui abandonnés, il entre au château, en parcourt les mornes solitudes, et descend aux caveaux funèbres, où il s’arrête devant un cercueil d’apparence très humble, sans inscription, relégué au coin le plus obscur de la sombre et lugubre demeure. Ce cercueil, à ce qu’on suppose, contient les restes de l’infortunée princesse Sophie-Dorothée, femme de l’électeur George-Louis de Hanovre, plus tard roi d’Angleterre sous le nom de George Ier. D’explorations en explorations, inspiré par la mélancolie de ces solitudes, le voyageur est amené à dire son mot dans une question dont l’intérêt pathétique s’est ravivé de nos jours, grâce à l’infinité de matériaux inédits et de documens nouveaux exhumés et réunis par les laborieuses investigations

  1. Die Herzogin von Ahlden, Stammutter der Königlichen Häuser Hannover und Preussen, Leipzig, 1852.