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à ces peuples primitifs ; depuis elles ont été imitées par les Perses et les Parthes, qui se sont inspirés des modèles assyriens[1]. À l’ouest et au nord-est de Khorsabad, on signale encore les monticules de Tell-Eudeheb [le mont de l’or), où une vaste chambre a été découverte il y a quelques années ; B-Kofa, vaste éminence occupée en partie par le cimetière d’un village chrétien, où on a rencontré de nombreux fragmens de jarres ; Tell-es-Kof, tertre élevé où quelques coups de pioche ont suffi pour mettre à jour des jarres et plusieurs vases en terre, qui, à en juger par les reproductions photographiques, paraissent dans un bel état, de conservation ; Djigân, dont l’existence a été révélée au consul de France par Aouchi, le chef de ses ouvriers. Ce monticule présents un vaste demi-cercle de cinq cents mètres de longueur sur deux cent vingt mètres de profondeur, dont le Tigre formerait la corde, c’est-à-dire deux fois la superficie du palais de Khorsabad. Sa position au confluent du Tigre, qui baigne une de ses faces, et d’une petite rivière qui contourne les deux autres, parait avoir vivement frappé notre missionnaire, comme l’emplacement le plus convenable pour un palais. Les ouvriers y ont rencontré quantité de grosses pierres disposées en forme de murailles, mais sans inscriptions ni sculptures, une coupe en terre de forme grecque, quelques fragmens de poteries, et une sculpture fort dégradée représentant un mouton.

Nabi-Younès, le tombeau du prophète Jonas, est un vaste monticule situé sur la rive gauche du Tigre, à égale distance de la ville de Mossoul et du monticule de Kouyoundjeck, dont il n’est séparé que par un petit ruisseau. Un beau village, couronné par la mosquée du prophète Jonas, couvre le sommet de cette éminence, jusqu’à ce jour restée inexplorée. Différens indices y annonçaient la présence de ruines assyriennes, et on l’avait signalée à l’attention des explorateurs français ; mais d’insurmontables difficultés avaient entravé l’exécution de cette partie de leurs instructions. La valeur des maisons qu’il eût fallu acquérir, l’inviolabilité de la mosquée et de tout le terrain qui en dépend à titre de vak, s’opposaient à toute exploitation immédiate. M. Place avait néanmoins entretenu directement, ou par l’entremise du chancelier du consulat, des relations amicales avec le kiaïa-bey, chef du village, et les principaux habitans ; il leur avait fait à diverses reprises de ces cadeaux auxquels les Orientaux paraissent surtout sensibles. On n’attendait qu’une occasion favorable pour commencer les travaux, lorsque, vers le milieu du mois d’octobre 1852, on apprit qu’un habitant du village, en creusant un serdab dans sa maison, avait découvert un taureau. M. Place se transporta

  1. Un homme intelligent que M. Place avait envoyé à la découverte lui a signalé différentes localités où l’on rencontre des bas-reliefs analogues à ceux de Malaï et de Bavian ; notre consul se propose de les étudier et de les décrire.