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dans cette partie du palais. Il ouvrit donc ses tranchées vers la face d’une de ces salles que le plan de M. Botta indiquait connue n’ayant pas été déblayée, et il rencontra aussitôt la ligne de bas-reliefs avec la quatrième paire de taureaux qui complétait l’encadrement et la décoration de cette salle. Bien que ces bas-reliefs fussent en partie brisés, divers indices n’ont pas tardé à faire reconnaître que la qualification donnée à cette portion du palais n’était rien moins qu’exacte, et que, loin d’être déjà ruinée lorsqu’un évènement fortuit avait amené la complète destruction de ce grand édifice assyrien, on s’occupait au contraire à la construire et à l’orner. Mais laissons parler l’explorateur lui-même, dont les raisonnemens nous paraissent devoir être pris en sérieuse considération ; ajoutons qu’il était difficile de les exposer avec plus de réserve, plus de convenance, plus de respect aussi pour le caractère de l’homme qui le premier a mis la science sur la voie de ces inappréciables découvertes.

« Ainsi commence, dit le consul de France à Mossoul, à se vérifier une opinion que je m’étais formée sur la véritable situation du prétendu édifice ruiné, que je serais porté à croire plutôt un édifice en construction. Certaines pierres ne sont pas encore entièrement polies ; sur la robe de l’un des personnages est étendue une large tache de la même couleur noire que celle qui est sur la barbe, et qui sera sans doute tombée du pinceau pendant qu’on la peignait ; il semble qu’on n’ait pas eu le loisir d’enlever cette tache, qui n’aurait certainement pas été laissée dans un palais habité assez longtemps pour avoir été renversé. D’autres pierres aussi intactes qu’on peut le désirer sont étendues sur le sol, comme si l’on n’avait pas eu le temps de les mettre à leur place, et les tailles du ciseau, lorsqu’elles ont été dégagées de l’argile qui les recouvre, apparaissent avec cette blancheur et ces aspérités qui dénotent un travail récent. On croirait que les figures sortent des mains de l’ouvrier. Nulle part on n’aperçoit sur les marbres la moindre apparence d’incendie ; souvent les couleurs y sont vives, et l’un des personnages, dont la moitié seulement est découverte jusqu’à présent, porte sur sa robe une longue inscription très bien conservée. Voilà les motifs qui me font supposer, jusqu’à ce jour du moins, que ce vaste espace qui n’a pas été exploré, et qui dépasse en surface l’étendue de la portion du palais mise au jour par M. Botta, recouvre les fragmens d’un édifice plus neuf et peut-être en construction.

« Sans affirmer pour le moment, puisque je n’ai point encore rassemblé de faits assez nombreux, que mon opinion soit la bonne, je m’explique parfaitement que M. Botta ait pu croire que ce nouveau palais était un édifice ruiné. Celui qu’il a déblayé se trouvait presque à fleur de terre, et, quoique tous les bas-reliefs qu’il a vus eussent été atteints par le feu, ils étaient debout. Ici au contraire ils