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UN MOINE PHILOSOPHE


DU


ONZIEME SIECLE.




Saint Anselme de Cantorbéry, tableau de la vie monastique et de la lutte du pouvoir spirituel avec le pouvoir temporel au XIe siècle, par M. Charles de Rémusat.[1]




Dans un pays qui n’a pas cessé d’aimer l’esprit et d’être sensible à l’élégance, il est impossible qu’un ouvrage de M. de Rémusat, si sérieuse qu’en soit la matière, n’excite pas un vif intérêt. L’historien d’Abélard sait pourtant comme nous qu’il a deux sortes de lecteurs, les uns qui, après avoir suivi avec émotion les aventures de l’amant d’Héloïse et admiré le tableau déjà plus sévère des grands combats de l’adversaire de saint Bernard, ont fermé le livre sans aller plus avant ; les autres, qui n’ont pas craint de s’engager dans la querelle des réaux et des nominaux, et d’accompagner le rival de Guillaume de Champeaux, le maître Pierre, depuis l’école de la cathédrale et la montagne Sainte-Geneviève jusqu’à l’abbaye de Cluny. Si ces lecteurs curieux et fidèles, qui comptent depuis longtemps M. de Rémusat parmi les maîtres de la critique philosophique et savent qu’on peut cultiver la métaphysique avec passion sans cesser d’être un esprit des plus délicats et un de nos plus brillans écrivains, si ces lecteurs me demandaient quel genre d’attrait peut présenter une étude sur saint Anselme, je n’éprouverais pas le

  1. Paris, chez Didier, 35, quai dus Augustins ; 1 vol. in-8o.