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et la Hollande, cet arrangement garantissait solennellement la cessation des hostilités, c’est-à-dire la paix du monde. Il assurait au nouveau royaume l’entière liberté de la navigation de l’Escaut, et maintenait enfin à la Belgique, jusqu’à l’adhésion du roi Guillaume au traité du 15 novembre, adhésion qui se fit attendre jusqu’en 1839, une situation toute provisoire sans nul doute, mais beaucoup plus favorable que l’état définitif.

C’étaient là des résultats que tout gouvernement jaloux de l’honneur et de l’intérêt de son pays pouvait hautement avouer, et l’opposition abusait par trop du droit au paradoxe, lorsqu’elle les représentait comme comblant les vœux des signataires des traités de Vienne. Le cabinet poursuivait en même temps, dans le midi de l’Europe, un système qui, par des voies pacifiques et régulières, ne tendait pas moins directement aux progrès de l’influence française, alors identifiés partout avec ceux de la liberté modérée et de la monarchie constitutionnelle. À la mort de Ferdinand VII, il avait reconnu la royauté d’Isabelle II, n’hésitant pas à subordonner la question dynastique à une question d’un ordre supérieur encore. Entre le mode immémorial de succession féminine usité en Espagne et le système nouveau introduit par Philippe V, entre l’acte imposé par ce prince aux cortès de 1713 et un acte contraire souscrit, sous Charles IV, par les cortès de 1799, la question était au moins douteuse pour tous les publicistes. Elle ne semblait devoir être résolue a priori que pour les hommes qui, résumant toutes leurs croyances publiques dans l’omnipotence royale, se trouvaient désarmés, par leurs doctrines mêmes, contre l’usage que faisait de sa prérogative un roi moribond au détriment du prince objet de leurs plus chères espérances. Mais ce qui était bien moins incertain que le droit successoral, c’est que la force des choses contraindrait le gouvernement d’Isabelle II à prendre son point d’appui sur les partisans des réformes et sur les hommes favorables, dans une certaine mesure, aux idées que le monde entier désignait alors sous le nom des idées françaises. Si le maintien de la maison de Bourbon sur le trône de Charles-Quint était un avantage véritable pour la France, il lui importait bien plus encore de voir arriver aux affaires des hommes en accord politique avec elle. La similitude des institutions agit, de nos jours, plus sensiblement que les pactes de famille sur l’attitude des gouvernemens, et sans méconnaître, tant s’en faut, l’importance de l’intérêt dynastique, il est manifeste que le travail de l’opinion domine aujourd’hui celui des cours. Une tribune à Madrid y était un obstacle invincible à la prépondérance des cours continentales. Le gouvernement représentatif établi au-delà des Pyrénées n’y laissait place qu’à deux influences, celle de la France et celle de l’Angleterre. Or si, par mille motifs, l’influence britannique devait dominer en Portugal, il suffisait toujours de le