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LA MONARCHIE


DE 1830.




DERNIERE PARTIE.




On a vu la monarchie de 1830 sortir par une inspiration soudaine de circonstances irrésistibles, et nous l’avons montrée puisant son autorité moins encore dans un acte réfléchi de la volonté nationale que dans les appréhensions universelles auxquelles elle reçut mission de mettre un terme. Rasseoir par la force la société ébranlée, maintenir, par le respect des engagemens internationaux, l’ordre pacifique et régulier contre des ardeurs belliqueuses qu’il semblait alors presque téméraire d’affronter, tels furent et le but qui lui était assigné et l’œuvre qu’elle accomplit. Ni les inspirations élevées, ni les instrumens énergiques ne lui manquèrent dans cette lutte, où le pouvoir rencontrait devant lui une opposition presque toujours complice de projets qu’elle affectait de désavouer : la paix fut conquise sans qu’il en coûtât rien à l’honneur de la France, et, pour rétablir l’empire des lois, la liberté n’eut pas à subir de sacrifices. Par malheur le gouvernement de juillet perdit dans son œuvre d’organisation la puissante initiative qu’il avait déployée dans le combat. N’était-il donc destiné ni à fonder des institutions durables, ni à en donner au pays le goût, l’habitude et l’intelligence ? Dans la sphère des combinaisons politiques, la monarchie de 1830 ne réussit guère à dépasser l’étroit horizon où l’avait circonscrite par avance l’opposition sous laquelle avait succombé le gouvernement précédent. Façonnée par une éducation