Laisse ton cœur s’ouvrir au coucher du soleil,
Et de ce grand spectacle emporte un bon conseil.
La nature m’invite à sa douce tristesse :
La résignation fait toute sa sagesse ;
Obéir sans révolte à de sinistres lois,
C’est le morne conseil, ami, que j’en reçois.
Non, la voix du désert, qu’il pleure ou qu’il sourie,
Ne t’a pas conseillé l’inerte rêverie !
La nature m’enseigne, en ses chères leçons,
La vie et le travail égayé de chansons.
Écoute, dans ces bois déjà pleins de ténèbres,
Du zéphyr qui s’endort les murmures funèbres !
J’entends plus près de nous, sur le frêne voisin,
Siffler le joyeux merle enivré de raisin.
Écoute ce torrent : quelle douleur profonde
Exhalent à nos pieds les soupirs de son onde !
J’entends sur les cailloux le bruit clair du ruisseau,
Du ruisseau qui gazouille aussi gai que l’oiseau ;
Chacun se réjouit d’en habiter la rive ;
Car l’eau donne à ses bords une voix toujours vive.
Mais toi, pâle étranger, si triste en l’écoutant,
Explique en sa chanson ce que ton âme entend ?
Voici ce que nous dit la voix, proche ou lointaine,
Qui coule avec les eaux, torrent, fleuve et fontaine.