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LE POETE


ET


LE PATRE.




LE POÈTE


O nature, en ton sein où l’ennui me ramène,
Je sens une âme triste ainsi que l’âme humaine ;
Tu gémis : c’est pourquoi je t’apporte mon cœur.
Toi du moins, tu n’as pas de sourire moqueur ;
Jamais ton doux regard ne lance l’ironie,
Et ton front porte haut sa tristesse infinie.
L’homme croit se guérir s’il peut cacher son mal ;
La froide raillerie est son masque banal.
Mais toi, dans la douleur tu restes calme et vraie ;
Tu n’as pas dans les yeux ce rire qui m’effraie ;
Je viens mêler mes pleurs à tes pleurs sans orgueil,
Car je me reconnais dans ta figure en deuil.
Oui, nous avons tous deux notre peine secrète,
La mienne en tes soupirs trouve son interprète ;
Ta voix semble un écho de mon gémissement.
La nature et mon cœur, tout parle tristement.

LE PATRE


Dans la douce rumeur des forêts, des fontaines,
J’ai distingué ta voix et des plaintes humaines,