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MOUVEMENT LITTERAIRE


DE L'ALLEMAGNE.




II.
LA POESIE ALLEMANDE.


I. Nacht und Morgen, von Franz Dingelstedt ; Stuttgart nnd Tubingen, 1851. — II. Kaiser Karl, eine epische Trilogie, von O -F. Gruppe ; Berlin, 1852. — III. Dornroechen, von Julius von Rodenberg, Bremen, 1852. — IV. Waldmeisters Brautfahrt, von Otto Roquette, Stuttgart, 1851. — V. Hafis, — Mahomet und sein Werk, — Hafis, neue Sammlung, von Daumer ; Nürnberg, 1852. — VI. Die Lieder des Mirza-Schaffy. von Friedrich Boddenstedt ; Berlin, 1851. — VII. Cordula, von Max Waldau ; Hamburg, 1851. — VIII. Urika, von Paul Heyse ; Berlin, 1852. — IX. Schatten, von Moritz Hartmann ; Darmstadt, 1851. — X. Der letzte Blüthenstrauss, von Justinus Kerner ; Stuttgart and Tubingen, 1852.




C’est un des charmes de la littérature allemande, que la poésie y a été à toute époque l’interprète fidèle du mouvement des esprits. Cet idiome souple et fort, cette langue harmonieuse et vibrante s’est toujours prêtée à la peinture idéale de la conscience publique. Au moyen âge, toute la grâce et toute la rudesse de ces vieux siècles se reproduisent merveilleusement dans les chants des Minnesinger. Wolfram d’Esebenbach et Gottfried de Strasbourg, Walther de Vogel weide et Hartmann d’Aue, nous rendent tour à tour la candeur printanière et la sublimité parfois sauvage d’une période où l’influence des imaginations provençales se mariait aux souvenirs de la Scandinavie. Quand le XVIe siècle se lève et que Luther accomplit sa redoutable entreprise, ce sont des chants encore qui sont le meilleur commentaire de la situation des peuples germaniques. Voyez éclore tous ces Lieder imprégnés d’une saveur étrange ; on dirait des fleurs fraîchement cueillies dans les sombres forêts d’Arminius. Les chênes d’Hercynie rendent leurs oracles ; le vieux génie de la patrie, sort des ténèbres du passé, et s’unit une seconde fois, d’une façon qui lui est propre, avec l’immortel esprit de. Jésus. Luther, qui n’est pour l’Europe qu’un novateur intrépide, est pour l’Allemagne le représentant de ces forces nationales