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UNE BIBLIOTHÈQUE
DE
L’ESPRIT FRANÇAIS.




I. Œuvres de Boufflers. 1 vol. in-18. — II. Œuvres de M. et de Madame Favart, 1 vol. in-18. — III. Œuvres de Fontelle. 1 vol. in-18. — IV. Œuvres de Chamfort, 1 vol. in-18. — V. Œuvres de Rivarol, 1 vol. in-18. — VI. Les Filles d’Ève, par M. A. Houssaye, 1 vol. in-18, etc.[1].




Montesquieu avait rassemblé plusieurs volumes de chansons qu’il avait intitulés Bibliothèque de l’esprit français. Était-ce un titre sérieux, était-ce une ironie ? Montesquieu voulait-il railler l’esprit de son temps, qui n’était, dans la plus générale acception, qu’un esprit de chansons, ou bien cette loi d’énervement, propre au XVIIIe siècle, qui avait abaissé le génie de Montesquieu jusqu’au Temple de Gnide, lui avait-elle aussi faussé le goût à ce point de lui permettre de voir dans la chanson le dernier et suprême effort de l’esprit français ? Nous ne savons, mais nous voudrions pouvoir de même soupçonner une intention ironique dans le titre de Bibliothèque de l’esprit français qu’a pris à son tour une collection contemporaine. Cette collection commence par Boufflers, et elle semble destinée à servir de refuge aux productions légères de quelques écrivains de ce temps-ci. Certes, quand on pense à la signification d’un tel titre, qui ne promet rien moins qu’un recueil des chefs-d’œuvre de l’esprit national, quand on y trouve ensuite un tel commencement et un tel dénoûment, on est tenté d’abord de chercher dans cette annonce une ironie, et une ironie sanglante, contre notre temps et contre le siècle dernier. Il y a là pourtant quelque chose de presque sérieux. Il semble que ce soit une école qui quête des disciples, qui publie son programme pour

  1. Librairie E. Didier, rue des Beaux-Arts, 6.