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PROMENADE


EN AMERIQUE.




ETATS DU SUD. - CHARLESTON. - LA NOUVELLE-ORLEANS.[1]


DE WASHINGTON A CHARLESTON – LE SUD – VENTE D’ESCLAVES – LE COTON – NAVIGATION SUR L’ALABAMA – MOBILE – UN ACTEUR ET DEUX CLERGYMEN – LA NOUVELLE-ORLEANS – LE SUCRE ET L’ESCLAVAGE – LA RACE NOIRE – LIBERIA – UN BAL A LA NOUVELLE-ORLEANS – UN PHYSICIEN ET UN BOTANISTE – COURS SUR LES HIEROGLYPHES – DEPART POUR LA HAVANE – LE DELTA DU MISSISSIPI.





Janvier 1852.

J’ai pour principe de voyager seul ; je crois que c’est le moyen de bien voir : on est moins distrait de ce qui vous entoure, on est plus complètement dans le pays que l’on veut observer. Avec des compatriotes, on retrouve la patrie, ce qui est fort agréable ; mais par-là même l’esprit, reporté vers ses habitudes ; est peu propre à entrer dans des mœurs étrangères, à s’en pénétrer. Les heures de loisir forcé, d’ennui même, sont profitables au voyageur solitaire. Pendant ces heures quelquefois assez longues, j’en conviens, il se replie sur lui-même, il s’absorbe dans les impressions qu’il a reçues ; rien ne l’en détourne, elles se gravent en lui plus profondément, et puis, seul, l’on est obligé de vivre avec les gens du pays, de vivre de leur vie. Quand on n’est pas seul, on est toujours à demi absent ; mais voilà bientôt quatre mois que je suis isolé en Amérique et comme perdu sur les chemins de fer, sur les lacs, sur les fleuves, dans des villes inconnues, et je ne résiste pas à la tentation de continuer ma course

  1. Voyez les livraisons des 1er et 15 janvier, des 1er et 15 février, des 15 mars et du 1er et du 1er mai et 1er juin.