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qui se manifestent énergiquement dans tous les travaux scientifiques des Américains.

Sur les cartes marines, la vitesse du courant est indiquée par la largeur des lignes, sa direction par des flèches qui se contournent dans le sens des courans, et la rapidité des pentes par le rapprochement des hachures ; ainsi l’œil saisit sur-le-champ tout ce qu’il importe au marin de connaître. L’exécution de ces cartes était une tâche immense. Il a fallu combiner un grand travail de triangulation terrestre avec un travail plus grand encore, qui déterminât tout ce qui concerne les bas-fonds et les courans. Le premier est exécuté par des ingénieurs civils et des officiers de terre, le second par la marine des États-Unis.

On a déjà gravé quatre-vingt-dix cartes ; il en faut encore deux cent cinquante ; Dans quinze ans, le travail pour les côtes de l’est sera terminé. On ne saurait calculer à quelle époque tout pourra être achevé, car on ne sait pas ce que seront dans quelques années les rivages des États-Unis. Le congrès, qui est impatient de voir la fin de ce vaste travail, demandait, à M. Bache combien d’années étaient nécessaires pour l’achèvement de son œuvre ? Il a répondu : pour combien d’états ? Et il avait raison, car pendant ce dialogue un vote du congrès ajoutait le Texas aux États-Unis, et depuis il a fallu s’occuper de l’Orégon et de la Californie.

À ces travaux hydrographiques et géodésiques s’ajoutent d’autres études. On signale tous les points sur lesquels il est nécessaire d’établir des phares ; on désigne les obstacles à faire disparaître, comme ce rocher, dans la rade de New-York, qu’un Français, M. Maillefert, est en ce moment occupé à faire sauter. Des observations magnétiques sont aussi liées aux opérations du Coast Survey, et des cartes particulières indiquent la température des mers dans les différentes saisons. En somme, c’est une vaste entreprise très bien conduite, et dont l’utilité pour la navigation est considérable. « Il n’est presque aucune portion de notre littoral qui n’ait livré à nos observations des découvertes importantes, » dit M. Bache dans un rapport de 1850. Je n’en citerai qu’un exemple que je tiens de lui. La barre qui obstruait l’entrée de la rade de Mobile a été déplacée par les courans. On l’ignorait, et l’on évitait toujours cette barre, qui n’existait plus. On sait maintenant que cet obstacle a cessé d’être à craindre. Si, au contraire, une barre nouvelle s’est formée, on en est averti par les sondages, dont les résultats sont conservés soigneusement, comme une collection doublement utile, au point de vue de l’hydrographie et au point de vue de la géologie.

L’institut de Smithson, le Patent-Office, les travaux de l’observatoire, ceux de M. Maury et de M. Bache, forment, comme on voit, à