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continue M. Maury en employant une comparaison où l’on retrouve l’astronome, à ces contre-poids du télescope qui nous semblent parfois une gêne, elles sont nécessaires pour donner à la machine un mouvement doux et régulier. »

D’autres travaux qui se rapportent aussi à l’hydrographie marine, et qui font grand honneur aux États-Unis par la manière dont ils sont exécutés, sont ceux qui ont pour but de connaître à fond les côtes et les mers littorales des États-Unis. À la tête de ces travaux est placé, connue on l’a dit dans les comptes-rendus de l’Académie des sciences, « le célèbre M. Bache, au grand avantage de la science en général, et de la géographie en particulier. »

J’ai passé une journée à parcourir l’établissement que dirige M. Bache, dont l’infatigable complaisance n’a rien laissé d’inexpliqué à ma curiosité, vivement excitée par tout ce que je voyais. Une grande maison qu’il habite contient tout ce qui se rapporte à la confection des cartes qu’il fait exécuter, et dont il surveille les moindres détails, après avoir pris une part personnelle à cette grande exploration des côtes (coast survey), dont il est l’âme, et à laquelle son nom restera attaché. En parcourant les diverses parties de ce bel établissement, où tout marche avec une régularité et une activité parfaites, on assiste aux degrés successifs par lesquels passe la confection des cartes hydrographiques, on voit ces cartes en progrès, depuis la préparation du papier jusqu’à leur parfait achèvement. Elles sont gravées au moyen de l’électrotypie. Le cuivre, déposé par le courant galvanique, forme des saillies qui servent à produire les creux. Si l’on veut changer quelque chose à la gravure, on rase cette saillie ; il en résulte sur la carte un blanc où l’on ajoute à la main ce que l’on veut ajouter.

Tout est exécuté avec la plus grande précision et le soin le plus minutieux. Ainsi dans les cartes ordinaires, même les cartes marines françaises, que M. Bache proclame admirables, il arrive parfois que le mouvement de la presse pousse en avant et déforme un peu le dessin. Un ouvrier, M. Sexton, duquel Herschel a dit : « C’est le premier ouvrier mécanicien du monde, » a voulu remédier à cet inconvénient au moyen d’une presse hydraulique qui appuie sur le papier uniformément. J’en ai vu un essai en petit qui a réussi. Quant à l’électrotypie, dont on se sert pour les planches, un autre Américain, M. Mathiot, est parvenu, en chauffant la pile, à augmenter la quantité du cuivre déposé dans une proportion de un à trois, et il espère la sextupler. Le cuivre ainsi déposé a beaucoup de ténacité et ne cristallise pas, ce qui est un avantage, la cristallisation le rendant fragile. Ces perfectionnemens sont le fruit d’efforts individuels provoqués par le désir ardent et la confiance de faire mieux, désir et confiance