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parler, qu’une longue chaîne de montagnes basaltiques et de pics ignivomes, entourée d’une large ceinture de terrains d’alluvion. La longueur moyenne de l’île est de cent soixante-quinze lieues, la largeur de vingt-six. Située à cent vingt lieues environ au sud de l’équateur, elle n’est point exposée à ces crises violentes qui dévastent chaque année les côtes des Philippines, mais dont l’influence se fait rarement sentir en-deçà du 10e degré de latitude septentrionale. On retrouve cependant à Java les pluies torrentielles de Luçon. Pendant les mois de janvier et de février, il n’est guère de jour où d’épouvantables déluges ne semblent menacer l’île d’une submersion totale. La mousson d’ouest est au sud de l’équateur la mousson pluvieuse ; elle commence ordinairement vers la fin d’octobre. Les vents d’est lui succèdent dans les premiers jours du mois de mai, et jusqu’aux approches de l’équinoxe, des orages de peu de durée troublent seuls la sérénité du ciel.

Les Hollandais ont partagé le territoire de Java en vingt-deux résidences : la structure de l’île avait fixé avant eux ces divisions politiques. De tout temps, des administrations distinctes ont gouverné les états du littoral et les districts montagneux de l’intérieur, les provinces qui font face à l’Océan Austral et celles qui descendent par une pente moins abrupte vers la mer de Java. La province de Ban-tam s’étend d’une mer à l’autre. Neuf résidences, — Batavia, Kra-wang, Chéribon, Tagal, Pekalongan, Samarang, Japara, Rembang, Sourabaya, — occupent le versant septentrional des montagnes. Huit autres provinces, — les Preangers, Banjoumas, Bajelen, Djokjokarta, Patjitan, Kediri, Passarouan, Bezouki, — sont assises sur le versant opposé. Les résidences intérieures sont au nombre de quatre : Buitenzorg, Kedou, Sourakarta et Madioun. Les provinces du nord sont en général plus policées et mieux défrichées que celles du sud ; elles ont un accès facile vers d’excellens ports, tandis que la côte méridionale est presque complètement dépourvue d’abris[1].

Le cours des événemens a cependant établi entre les diverses portions du territoire de Java d’autres distinctions que celles qui résultent de leur situation géographique. Les provinces de Sourakarta et de Djokjokarta sont les derniers vestiges de l’empire de Mataram ; les souverains indigènes ont conservé dans ces deux états la propriété du sol. Dans les résidences de Batavia, de Buitenzorg et de Krawang, les ventes faites à diverses reprises par la compagnie des

  1. De récens travaux hydrographiques ont signalé cependant sur cette côte des ports demeurés jusqu’ici inconnus, des ports, assure-t-on, qui pourraient recevoir au besoin des vaisseaux de ligne. Si cette découverte se confirme, un magnifique avenir est promis aux provinces méridionales ; l’île de Java en recevra un accroissement notable de prospérité, et la population javanaise, délivrée de transports dispendieux, y trouvera une augmentation sensible de bien-être.