Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 1.djvu/977

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SOUVENIRS D’UNE STATION


DANS


LES MERS DE LINDO-CHINE.




LES REGENCES JAVANAISES.[1]




Nous venions d’admirer à Batavia l’opulence et la splendeur de la colonie hollandaise : il fallait pénétrer dans l’intérieur de Java pour savoir de quelles sources fécondes découlaient ces richesses. M. Burger se chargea d’obtenir du gouverneur-général l’autorisation sans laquelle nous ne pouvions songer à entreprendre un pareil voyage, M. de Rochussen, de son côté, accueillit la demande de notre excellent hôte avec une grâce si parfaite, il adressa aux résidens des provinces que nous devions traverser des instructions si bienveillantes, que le prince Henri lui-même n’a probablement point parcouru l’intérieur de Java d’une façon beaucoup plus royale que les officiers et le commandant de la Bayonnaise.

Java est, on le sait, une des îles les plus vastes du globe. Bornéo, Madagascar, Sumatra, Niphon, la Grande-Bretagne, Gélèbes même, ont plus d’étendue ; mais le territoire de Java est le double de celui de Ceylan ou de celui de Saint-Domingue, il excède d’un dixième environ la superficie de Cuba. Cette grande île est d’une origine récente, si on la compare au noyau granitique ou aux terrains stratifiés qui ont successivement formé l’écorce de notre planète. Contemporaine des groupes de la Polynésie, elle est, après Célèbes, le fragment le plus considérable du nouveau monde qu’un effort sous-marin a fait jaillir des entrailles de la terre. Elle n’offre, à proprement

  1. Voyez la livraison du 15 février.