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L’ECONOMIE RURALE


EN ANGLETERRE.




II.
LES CULTURES.[1]




I

Toute culture a pour but de produire la plus grande quantité possible d’alimentation humaine sur une surface donnée de terrain ; mais pour arriver à ce but commun, on peut suivre des voies très différentes. En France, les cultivateurs se sont surtout préoccupés de la production des céréales, parce que les céréales servent immédiatement à la nourriture de l’homme. En Angleterre, au contraire, on a été amené, d’abord par la nature du climat, ensuite par la réflexion, à prendre un chemin détourné qui ne conduit aux céréales qu’après avoir passé par d’autres cultures, et il s’est trouvé que le chemin indirect était le meilleur.

Les céréales en général, et surtout le froment, sont sans doute un des plus beaux produits du travail agricole, mais elles ont un grand inconvénient qui n’a pas assez frappé le cultivateur français : elles épuisent le sol qui les porte. Ce défaut est peu sensible avec certaines terres privilégiées qui peuvent porter du froment presque sans interruption ; il peut être d’un faible effet tant que les terres abondent pour une population peu nombreuse : on est libre alors de ne cultiver en blé que les terres de première qualité, ou de laisser reposer les autres pendant plusieurs années avant d’y ramener la charrue ;

  1. Voir la livraison du 15 janvier.