qui appelait les formes substantielles des inventions de gens oisifs.
Parlons sérieusement, et concluons que la philosophie catholique (nous ne disons pas la foi catholique, c’est tout autre chose), interprétée du moins par le père Ventura, est loin de tenir les promesses qu’il nous a faites, et qu’au point de vue de la science et de la religion elle n’a pas les caractères éclatans de la vérité, et pourrait avoir quelques-unes des conséquences de la mauvaise philosophie. Il est bien entendu que nous ne faisons pas à un écrivain respectable l’injure que l’on fait quelquefois aux philosophes. Ces fâcheuses conséquences, le ciel nous préserve de l’accuser de les admettre ni de les enseigner. Nous savons très bien qu’après avoir soutenu la philosophie des sensations, il n’en croit pas moins ce qu’elle nie. Nous n’ignorons pas qu’en ayant sur la nature de l’âme et sur la nécessité du corps une doctrine qui obscurcit, affaiblit les signes de l’immortalité de la première, il proclame d’une foi ardente l’avenir glorieux et redoutable de la personne humaine. Nous disons seulement que sa métaphysique contraste avec sa foi, et que si cette métaphysique était la nôtre, nous tomberions dans un grand découragement. La suite de son ouvrage, plus exclusivement théologique, si le temps nous permettait de l’analyser, nous donnerait d’autres exemples de l’influence de certaines doctrines abstraites sur la manière de concevoir les dogmes de la religion. Nous doutons que l’église souscrivît formellement à toutes les opinions théologiques du savant docteur ; mais nous aimons mieux répéter que les dernières conférences se lisent avec intérêt, qu’il s’y rencontre des morceaux écrits de verve, par exemple la seconde moitié de la quatrième, et qu’il faut envier ceux qui ont entendu quelques-unes de ces éloquentes paroles retentir dans la chaire évangélique.
Fermons le livre maintenant, et, laissant de côté les systèmes, essayons de nous rendre compte de la nature et des motifs de l’argumentation adoptée de notre temps par de célèbres apologistes de la foi. On ne contestera pas, je pense, qu’ils s’occupent moins que ceux d’une autre époque de l’expliquer et de la démontrer par elle-même, et que le travail cent fois plus attachant de rechercher dans ses dogmes la preuve de sa vérité a fait place à l’habitude batailleuse d’accuser d’erreur, de contradiction, de mensonge et de pis encore, non-seulement les doctrines contraires, mais toutes les doctrines humaines, d’opposer l’unité à la discordance, la constance à la variation, l’autorité à l’examen, en sorte que ce qu’on appelle la question de l’église est devenue la principale question, et que l’on