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LA PRESSE


AU DIX-NEUVIEME SIECLE.




II.

LA PRESSE EN ANGLETERRE.

SON ORGANISATION INTELLECTUELLE ET COMMERCIALE.


I. The Fourth Estate : Contributions towards a history of news papers and of the liberty of the Press, by F. Knight Hunt ; 2 vols. London, David Bogue. — II. Report from the select Committee on News paper Stamps, ordered by the House of Commons to be printed.




Si l’on a suivi avec quelque attention l’histoire de la presse périodique en Angleterre, telle que avons essayé de l’esquisser[1], on y aura remarqué trois phases distinctes. A leur début, les journaux ont pour objet unique de recueillir les nouvelles et de les porter à la connaissance du public ; la surveillance jalouse qui pèse sur eux ne leur permet pas d’accompagner de la moindre réflexion le récit des événemens ; ils ne sont qu’une spéculation fondée sur la curiosité humaine. Plus tard, au contraire, la politique, qui a voulu les empêcher de naître, les multiplie ; les partis voient dans les journaux un auxiliaire indispensable, et les personnages les plus considérables s’imposent des sacrifices, afin d’avoir à leur service un instrument dont ils ont reconnu la puissance, et qu’ils destinent à défendre leurs doctrines et à attaquer leurs adversaires. C’est là, pendant toute la durée du XVIIIe siècle, la situation de la presse en Angleterre. Enfin, à mesure qu’on se rapproche de l’époque actuelle, les journaux se soustraient peu à peu à l’étroite dépendance où les a tenus jusque-là la politique, et brisent les liens qui les attachent aux partis. Les journaux qui sont créés dans cette période ne doivent plus la naissance aux combinaisons de la politique, mais aux besoins nouveaux qu’éprouvent les grands

  1. Voyez la livraison du 15 décembre 1852.