assertions que des raisonnemens; l’amour de la liberté, sous quelque forme qu’elle se montre, lui inspire plus d’indulgence et plus d’espérance. Quant aux excès qu’il faut condamner, il s’en tire par la comparaison connue : « Dieu lui-même n’a-t-il pas commandé ou permis à la tempête de purifier les élémens? » Richard Price ne lutta pas longtemps. La mort l’enleva sans qu’il eût complété sa défense. Il fut remplacé par le docteur Priestley, savant illustre par ses découvertes, et à qui il n’a manqué peut-être qu’une seule observation pour faire dans la chimie la révolution qui a immortalisé le nom de Lavoisier. Il devint le philosophe des dissidens, qui, ayant aussi un joug à briser, enviaient l’exemple de la France. Priestley avait écrit témérairement sur des questions de métaphysique. En religion, il était au moins unitairien, ce qui ressemble beaucoup à déiste. Son talent n’égalait pas son esprit, et sa polémique fut animée, soutenue, sans être fort brillante. Enfin Thomas Payne, qui a laissé en France une réputation d’ennui, fit assez de bruit avec son livre des Droits de l’Homme; il était en relation, même en correspondance avec Burke : tous deux entrèrent en lutte, et dans plusieurs de ses ouvrages, le dernier lui fit l’honneur d’une réfutation. Mais de tous ses adversaires, ou plutôt de tous les défenseurs de la France, celui à qui elle doit le plus reconnaissant souvenir, c’est Mackintosh. Il était fort jeune alors. Ses Vindiciœ Galiicœ sont un ouvrage tout français, plein de l’esprit de l’assemblée constituante, de cet esprit éclairé, généreux, qui remplaçait les préjugés par les illusions. C’était le noble et brillant début de l’un des hommes les plus distingués que nos contemporains aient connus. Quoiqu’il ne ménage point son adversaire, il ne lui fait pas l’injustice, alors commune, de l’accuser d’apostasie : il démêle avec sagacité dans ses opinions antérieures le germe de ses opinions actuelles; il le condamne, mais ne le défigure pas. On peut lire encore avec plaisir son spirituel ouvrage, quoiqu’il ait, en le composant, comme tant de nobles esprits de l’époque, péché par la foi et par l’espérance.
M. de Menonville avait écrit à Burke pour lui soumettre quelques observations et l’interroger sur la conduite à tenir. La réponse fut sa Lettre à un membre de l’assemblée nationale (janvier 1791). Sur les moyens de salut, Burke s’y montre réservé et vague; mais il redouble de violence contre les auteurs de la révolution, contre les philosophes, surtout contre Rousseau, auquel il consacre de longues et injurieuses pages. Dans tout cela, il manque plutôt d’impartialité que de justice; presque tout ce qu’il blâme est blâmable, mais il dit le mal sans le bien, et ne tient aucun compte de ce qui atténue, rachète ou justifie. Le point le plus saillant de cet écrit, c’est qu’après avoir refusé d’indiquer un remède, il avoue qu’il l’attend du dehors. La France a