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L’ASTRONOMIE
EN 1852 ET 1853.

Quid dem, quid non dem ?
(Horace.)
Que dire, que taire ?

Autant il est agréable de répondre, dans un salon, aux questions que les gens du monde adressent à ceux qu’ils savent s’occuper des phénomènes du ciel, autant il est périlleux de traiter en astronomie un sujet déterminé quand il n’est indiqué ni par la curiosité du lecteur ni par l’à-propos de quelque nouvelle scientifique. Depuis que les influences de la lune, des éclipses, des planètes et des comètes ont été reléguées dans l’astrologie, et celle-ci elle-même reléguée dans l’immense magasin des vieilles erreurs que l’esprit humain a abandonnées en arrivant à l’âge mûr, les brillans phénomènes célestes ont beaucoup perdu de l’intérêt populaire qui s’y rattachait, quand on croyait y trouver des pronostics de médecine, de politique ou de religion. On ne s’occupe plus maintenant de l’âge de la lune dans les soins qu’on donne aux malades et dans les travaux de l’agriculture. Les comètes n’annoncent plus la mort des rois ; on ne tire plus l’horoscope des princes. Wallenstein, s’il eût vécu de nos jours, n’aurait point eu sa planète Jupiter. Enfin l’indifférence naturelle du public pour ce qui ne peut être ni objet de crainte ni sujet d’espérance a mis d’étroites bornes à la curiosité active qui s’enquérait autrefois des mouvemens des astres, et rappelle l’expression singulière de l’astronome Delambre, qui qualifiait d’inutiles les petites étoiles qui ne servaient pas à rectifier les instrumens des observatoires, ou à déterminer d’une manière plus précise les mouvemens du soleil, de la lune, des planètes et des comètes au travers du ciel étoile.

Ainsi donc, à part les savans spéciaux et ceux qui sont voués aux arts pratiques qui se rapportent à l’astronomie, — comme la marine, la géographie, les voyages de découverte, la chronologie, la mesure des temps par toute sorte