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inclinée; le plus souvent on est obligé de creuser des puits pour atteindre jusqu’aux filons carbonifères; on perce ensuite des galeries souterraines qui se ramifient comme les rues d’une ville. Une particularité de l’exploitation des houillères du bassin de Rive-de-Gier, quoique situées au pied des montagnes, c’est l’extrême profondeur des puits. La plupart n’ont pas moins de 200 à 400 mètres. Le plus profond de tous, celui du Plat de Gier, situé entre la Grande-Croix et Saint-Chamond, atteint 550 à 560 mètres, et il est encore en creusement. Aux environs de Saint-Etienne, les puits n’ont souvent que 25 à 30 mètres. La profondeur la plus grande à laquelle on soit descendu est de 320 mètres dans le percement de Montsalson, au point culminant de tout le bassin. L’exploitation des houillères de la Loire, et par suite le travail qui en résulte pour la population forésienne, se trouvent assurés par la diversité et la qualité tout-à-fait supérieure des produits. On rencontre à Saint-Étienne les charbons de forge les plus renommés du monde. Une concession du même district, celle de la Ricamarie, renferme des houilles à gaz, c’est-à-dire des houilles riches en principes volatiles, très recherchées pour les usines d’éclairage de Lyon et d’une partie des villes du Midi. La variété appelée charbon de grille, qui convient au foyer des chaudières à vapeur et aux usages domestiques, abonde particulièrement dans le rayon de Rive-de-Gier. Les houilles de ces montagnes s’écoulent en quantités bien plus considérables par le Rhône que par la Loire. On les trouve dans une grande partie de la France, à Paris, à Nantes, à Mulhouse, à Toulon, à Toulouse, dans les forges de la Champagne, de la Bourgogne, de la Nièvre, de la Haute-Bretagne. Les charbons qui leur font particulièrement concurrence sur certains marchés sont ceux de la Belgique, de la Flandre française, de l’Auvergne, du Bourbonnais et du Languedoc. La valeur des produits annuels de l’industrie extractive dans la Loire est de 15 à 17 millions. Ce chiffre forme à peu près le sixième de la production totale du district industriel de Saint-Etienne, estimée à 110 ou 120 millions, dont 55 ou 60 reviennent à la rubanerie et à la passementerie, et 40 ou 43 aux industries du fer et aux verreries.

La vie industrielle des ouvriers, c’est-à-dire le régime du travail, doit varier profondément entre des industries aussi différentes. Dans la rubanerie de Saint-Etienne, l’organisation des ateliers ressemble en général à celle des ateliers lyonnais. L’ouvrier possesseur de métiers travaille chez lui, soit seul, soit avec un ou plusieurs compagnons, et reçoit du fabricant les matières premières à mettre en œuvre. Ici comme à Lyon, des améliorations considérables ont été introduites récemment dans les instrumens du tissage. Jadis on se servait seulement de métiers à la main, appelés métiers à basse ou à haute lisse.