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espérance qui venait d’entrer au parlement et qui s’attacha étroitement à lui, d’adresser des représentations au roi sur la dernière dissolution. Cette mesure avait eu, disait-il, un caractère insolite, celui d’une condamnation prononcée du haut du trône contre le parlement. La dernière chambre, la meilleure chambre des communes, avait été dénoncée au peuple comme usurpatrice des droits du prince. Cette calomnie de cour avait égaré l’opinion. Le discours de la couronne faisait encore une leçon à la chambre sur les limites de son pouvoir. Celle-ci ne pouvait accepter ni remontrance ni menace, et c’était lui faire injure que de paraître en attendre moins d’indépendance que de la chambre précédente. Une défense raisonnée de la conduite tenue dans l’affaire du bill de l’Inde venait ensuite. Burke n’a jamais été tory sur ce point. Sa motion, qui était au fond une attaque envers la nouvelle chambre, fut rejetée sans débat. Il publia son discours avec une préface où il cachait mal son humeur contre le parlement. Le dépit d’une défaite imprévue perça désormais dans ses discours. Il reprochait même à Fox de ne pas sentir assez vivement leur commune offense. Neuf ans plus tard, dans le fort de sa colère contre la révolution française, il se plaignait encore qu’il ne l’eût pas bien secondé dans ses efforts pour faire repentir le premier ministre de la manière odieuse dont il s’était élevé au pouvoir, et, dans sa rancune implacable, il accusait Pitt d’avoir intrigué avec la cour, les dissidens religieux et tous les factieux du dehors, pour décrier et affaiblir la chambre des communes. Il est remarquable que Windham, qui, dix ans après, entra dans l’administration de Pitt, continua toute sa vie de juger comme Burke la dissolution de 1784, et d’en regarder le résultat comme funeste.

Une guerre sans relâche fut donc faite au cabinet. Pitt n’avait pas renoncé à ses idées de réforme parlementaire; il appuya une motion à cette fin de l’alderman Sawbridge, qui passait pour républicain. Il en fit une lui-même, soutenu par Fox et combattu par des ministres. Chaque fois il eut contre lui Burke et la majorité. Ce dernier lui demanda un jour ironiquement comment il pouvait se plaindre du système actuel de représentation, lui qui s’en était si bien servi? Quant à son bill de l’Inde, la vive critique qu’en fit Burke a été, dit-on, justifiée par l’expérience. Il contenait cependant les principes de l’organisation qui s’est maintenue jusqu’à nous. L’idée d’une commission de gouvernement ou de surveillance au-dessus de la compagnie ne pouvait être abandonnée. Aucun ministère ne pouvait songer à laisser la compagnie à elle-même. Seulement, cette commission, sous le nom de bureau du contrôle, dut être composée de membres du conseil privé et présidée par un ministre spécial, dont cette présidence, même serait le titre. Aujourd’hui, les membres de ce bureau sont