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dans le ciel en recevant l’hostie des mains du prêtre; un évêque partage le pain divin entre le pauvre et le roi, tous deux chargés de. soucis et de misère; abandonné de tous, un mourant se réfugie en Dieu. Pour ma part, je loue sans réserve l’élégance et l’accent presque familier de ces quatre scènes. M. Périn a suivi très heureusement l’exemple des peintres florentins qui, après avoir représenté une action importante sur le panneau qui leur était confié, peignaient dans la predella, c’est-à-dire dans une bande placée au bas du panneau, une suite d’épisodes qui expliquaient l’origine et les conséquences de l’action principale. Il y a d’ailleurs dans toutes les figures une précision, une pureté, qui contentent les yeux les plus sévères. Sous le pendentif de la Foi, le prêtre élève l’hostie et la consacre; les acolytes soutiennent ses vêtemens et s’inclinent. — Plus loin le pape, tenant dans ses mains les saints Evangiles, élève ses regards vers le ciel et y puise ses inspirations et ses décrets. Le passage provisoire de la sacristie n’a pas permis de peindre les deux compositions qui doivent occuper la partie inférieure de ce pied-droit. — Sous le pendentif de la Force, l’auteur a figuré la confession des fautes, le mépris des richesses, le mépris des douleurs, et la table des martyrs. Voici comment sont exprimées ces quatre pensées. Agenouillé près du tribunal de la pénitence, un pécheur attend avec anxiété, tandis que le prêtre remet à celui qui s’est confessé et repenti la discipline dont il doit se frapper. Plus loin, un chrétien plein de confiance dans l’Evangile refuse les richesses que le mahométan lui offre avec le Coran. Un jeune martyr sur le bûcher lève les yeux au ciel, et n’entend plus la voix du prêtre des gentils, qui lui présente la statue de Jupiter. Enfin, au sommet du pied-droit, le tombeau du martyr devient l’autel sur lequel Dieu lui-même s’offre en sacrifice. Toutes ces pensées sont très fidèlement rendues et dans un style fort élevé. Parmi les plus habiles, bien peu seraient capables de pénétrer aussi avant dans la foi chrétienne et d’en traduire les préceptes avec autant d’élégance.

Reste le pied-droit de la Charité. Accueillir le pèlerin, secourir le pauvre, pardonner à son ennemi, ensevelir les morts, telles sont les maximes que le peintre a douées de vie. Le riche reçoit le pèlerin, prépare son lit et lui lave les pieds. Un jeune homme donne au vieillard pauvre sa seconde tunique, le pauvre donne son morceau de pain à l’estropié, et regarde l’hostie qui est sur l’autel. Un homme amène devant l’autel celui qui voulait l’assassiner, et qui s’est repenti. Le prêtre partage entre eux le pain sacré comme gage de réconciliation. Un jeune homme soutient le mort, tandis que le prêtre prie le Seigneur, au bord de la fosse qu’il a creusée lui-même.

Après cette série de compositions, on devrait croire la pensée de