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L’ECONOMIE RURALE


EN ANGLETERRE.




III.
CONSTITUTION DE LA PROPRIETE ET DE LA CULTURE.[1]




I

On attribue assez généralement la supériorité de l’agriculture anglaise à la grande propriété ; cette opinion est vraie à certains égards, mais il ne faut pas la pousser trop loin. D’abord il n’est pas exact que la propriété soit aussi concentrée en Angleterre qu’on se l’imagine communément. Il y a sans doute dans ce pays d’immenses fortunes territoriales ; mais ces fortunes, qui frappent les regards de l’étranger et même du régnicole, ne sont pas les seules. À côté des colossales possessions de la noblesse proprement dite se trouvent les domaines plus modestes de la gentry. Dans la séance de la chambre des communes du 19 février 1850, M. Disraeli a affirmé, sans être contredit, qu’on pouvait compter dans les trois royaumes 250,000 propriétaires fonciers. Or, comme le sol cultivé est en tout de 20 millions d’hectares, c’est une moyenne de 80 hectares par famille, et, en y ajoutant les terrains incultes, de 120. Le même orateur, en évaluant, comme nous, à 60 millions sterling ou 1,500 millions de francs le revenu net de la propriété rurale, a trouvé, à raison de 250,000 copartageans, une moyenne de 6,000 fr. de rente, soit 4,800 fr. en valeur réduite.

Il est vrai que, comme toutes les moyennes, celle-ci ne donne

  1. Voyez les livraisons du 15 janvier et 1er mars.