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UN ROMAN PROTESTANT


ET


UN ROMAN CATHOLIQUE


EN ANGLETERRE.




Villette, by Currer Bell.[1]Lady-Bird, by lady Georgiana Fullerton.[2]




Un critique anglais d’un goût très délicat, sir James Mackintosh, observait, il y a longtemps, qu’une des influences les plus intéressantes du roman a été d’ouvrir au génie des femmes une sphère élevée dans la littérature. Comme les romans sont lus surtout par les femmes, il paraît d’abord fort juste qu’elles fassent un peu, pour leur part, les frais de ce genre d’amusement. D’ailleurs les femmes sentent beaucoup, ou observent beaucoup : nous sommes les prétextes de leurs passions, ou nous leur donnons la comédie ; or la sensibilité et l’observation sont les deux principales qualités du romancier. Enfin les femmes qui ont de l’esprit s’ennuient immensément. L’ennui est un des grands moteurs des actions humaines ; l’ennui fait souvent les héros. Mais que peuvent faire les femmes qui ont de l’esprit, qui ont connu la passion, qui ont observé et qui s’ennuient ?

Et que faire en un gîte à moins que l’on ne songe ?

Écrire un roman est une assez agréable songerie. Il n’est donc point surprenant de voir aujourd’hui les femmes s’emparer du roman,

  1. 3 vol. London, Smith, Elder et Co, 65, Cornhill.
  2. 2 vol. in-18, Paris, Reinwald, me des Saints-Pères, 15.