français et l’établissement du télégraphe électrique auront pour effet de diminuer beaucoup tous ces frais. Au premier rang par l’importance, après la malle de l’Inde, est la correspondance de Paris, qui, avec toutes les dépenses accessoires, coûte de 20 à 25,000 francs par an. Outre le correspondant ordinaire, chaque journal avait autrefois à Paris une personne chargée de recueillir jusqu’à l’heure de la poste les débats des chambres françaises. Des correspondans sédentaires sont établis à Berlin, à Vienne, à Naples, à Rome, à Madrid et à Lisbonne. Ils sont envoyés d’Angleterre aux lieux où ils doivent résider, et leur traitement varie de 4 à 6,000 francs par an. Un journal doit en outre se procurer un correspondant dans chacune des localités suivantes : Hambourg, Malte, Athènes, Constantinople, Bombay, Hong-kong, Singapore, New-York, Montréal, la Jamaïque. Il faut également entretenir un agent à Boulogne pour les dépêches françaises, à Alexandrie pour la malle de l’Inde, à Boston et à Halifax pour les nouvelles des États-Unis et du Canada. Comme la malle des États-Unis part de New-York et fait escale à Boston et à Halifax, on expédie dans ces deux villes, par le télégraphe électrique, les nouvelles arrivées après son départ. Malgré ce grand nombre de correspondans, chaque fois qu’une révolution ou une guerre éclate dans un pays, qu’un événement considérable doit s’accomplir dans une ville, que des fêtes extraordinaires ou de grandes manœuvres sont annoncées, on ne manque jamais d’y envoyer un correspondant spécial. Enfin, pour avoir promptement les nouvelles de tous les arrivages et des sorties des bâtimens, les mouvemens des escadres, les promotions dans la marine, les journaux ont un correspondant attitré dans les douze ou quinze ports principaux d’Angleterre, et spécialement à Douvres, à Southampton et à Liverpool. En résumé, on ne saurait évaluer à moins de 150,000 francs la dépense totale des correspondances; ajoutez-y 250,000 francs pour frais d’impression et de tirage, et de 250,000 à 300,000 francs pour la rédaction proprement dite, et vous arriverez au chiffre énorme de 700,000 fr, indépendamment du droit sur le papier, du timbre et du droit sur les annonces.
En présence de pareils chiffres, on cesse de s’étonner du petit nombre des journaux anglais. La nécessité de réunir un capital de plus d’un million avant de songer à la publication d’un seul numéro, la perspective de voir la plus grande partie de ce capital absorbée en quelques mois par les frais de premier établissement et les dépenses courantes, la difficulté de rassembler un personnel qui ne soit point au-dessous de sa tâche, sont autant d’obstacles de nature à arrêter ceux qui voudraient s’aventurer dans la carrière périlleuse du journalisme. On peut regarder les journaux actuellement existans comme en possession d’un véritable monopole, jusqu’au jour où la suppression du timbre et du droit sur le papier viendra modifier cet état de choses. Aussi est-ce à peine si, depuis le commencement du siècle, deux ou trois tentatives ont été faites pour créer des journaux politiques nouveaux. De 1825 à 1830, on vit un journal, fondé dans la pensée de faire concurrence au Times, se transformer plusieurs fois et devenir successivement le Jour (the Day), le Nouveau Times, le Journal du Matin, sans obtenir, sous aucun de ces titres, la faveur publique et les moyens d’exister. Vers la même époque, Murray, le célèbre libraire, qui était en relations avec tous les littérateurs du temps, crut qu’avec le concours