témoignage : il vient de paraître à Madrid un remarquable Mémoire de M. Caveda, directeur-général au ministère du commerce, sur la dernière exposition de l’industrie en Espagne. Un décret de 1827 posait le principe des expositions industrielles au-delà des Pyrénées : elles devaient avoir lieu tous les trois ans ; mais la guerre civile survenant bientôt, ce principe ne put recevoir d’application. Ce n’est qu’en 1850 que cette pensée a pu être réalisée dans l’Espagne pacifiée, et c’est de l’exposition de cette époque que M. Caveda rend un compte étendu. Bien qu’il s’applique à des faits déjà vieux de deux ans, ce Mémoire renferme cependant plus d’une curieuse donnée sur les divers élémens de la richesse de la Péninsule, sur les mines, les fers, les tissus, les laines, sur tout ce mouvement industriel de l’Espagne contemporaine. Ce qu’on en peut conclure, c’est qu’en général l’industrie est incertaine encore au-delà des Pyrénées, mais qu’elle est en même temps dans une voie marquée de progrès. Et quels élémens de richesse n’y a-t-il point dans ce pays ! Voici les mines d’Almaden, par exemple, qui autrefois produisaient à peine 2,500 quintaux de mercure et qui aujourd’hui en produisent 22,000 quintaux. Une des questions les plus curieuses à étudier en ce genre serait celle des laines et des produits des troupeaux. Comment la Péninsule, dont l’industrie lainière faisait autrefois l’envie de l’Europe, est-elle arrivée à ne plus figurer dans les importations de l’Angleterre que d’une manière imperceptible, 5/8 pour 100, tandis qu’encore en 1815 elle comptait dans ces mêmes importations dans la proportion de 22 pour 100 ? Cette question se lie à toute la constitution agricole et industrielle de la Péninsule. Il faut ajouter cependant que l’Espagne est en progrès depuis quelques années sous ce rapport ; mais il lui reste beaucoup à faire pour retrouver la splendeur passée de son industrie.
En Allemagne, un calme que l’on ne connaissait plus depuis un an paraît devoir succéder aux ardentes polémiques suscitées par la rivalité douanière de la Prusse et de l’Autriche. Du moins il n’est question aujourd’hui que de conciliation et d’arrangemens à l’amiable. Dire que les esprits vont désormais suivre invariablement cette voie, ce serait peut-être trop favorablement augurer du désintéressement des deux grands partis qui sont aux prises. Dussent les tentatives du moment pour rétablir entre eux l’accord faire place à de nouveaux dissentimens qui n’étonneraient personne, ces essais de transaction, après tant de débats irritans et de paroles amères échangées des deux parts, attestent la puissance de l’opinion. Si en effet l’Autriche a reculé au jour même où elle semblait victorieuse par la dissolution du congrès de Berlin, elle n’a cédé que devant les inquiétudes causées par la perspective d’une désorganisation complète du Zollverein prussien. Ces inquiétudes ont pris assez de consistance pour que le cabinet de Vienne ait cru prudent de ne point les braver, et au lieu d’être destiné à achever la victoire de l’Autriche sur la Prusse, le dernier congrès assemblé à Vienne ne paraît pas avoir reçu d’autre mission que d’aplanir les difficultés en débattant les concessions à faire à la Prusse.
La Turquie continue d’inspirer des craintes trop légitimes à tous ceux qui désirent que la guerre ne puisse plus trouver de prétextes en Europe. Les insurrections que l’on redoutait sur divers points et qui éclatent peu à peu