Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 16.djvu/992

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien songer que, pour beaucoup de pays, l’histoire actuelle est l’histoire d’une pénible et laborieuse convalescence.

C’est ce qui fait que les peuples qui ont pu échapper à cette contagion sont d’autant plus heureux. La Hollande, par exemple, n’a point vu s’interrompre la régularité de sa vie politique. Le bon sens national triomphe aisément dans ce pays des excitations et des fantômes, et ne laisse de place qu’aux événemens ordinaires. Le cabinet néerlandais se complétait et se fortifiait, il y a peu de temps encore, par l’accession au ministère des affaires étrangères de M. van Zuylen van Nyevelt, qui avait d’abord refusé, ainsi que nous l’avons dit, et qui a cédé finalement aux instances du roi. M. van Zuylen appartient à une des premières familles de Hollande. Il joint à des études sérieuses un talent oratoire et un tact qui l’ont fait remarquer jeune encore aux états-généraux. M. van Zuylen est entré aux affaires au moment où le budget devenait la grande préoccupation du parlement, et il s’est produit là subitement dans la seconde chambre, à l’occasion des dépenses des affaires étrangères, un incident où le nouveau ministre a eu à manifester la pensée qui dirige sa politique et à opposer la sagesse aux déclamations. C’est un député, M. Groen van Prinsterer, qui, par un discours assez intempestif, a provoqué cet incident. M. Groen van Prinsterer nous semble être un de ces patriotes qui aiment à soulever les questions oiseuses et brûlantes en même temps. Il a donc posé au ministère une série d’interrogations d’un à-propos au moins douteux. La Hollande reconnaîtrait-elle l’empire en France sans protestation ? Le gouvernement néerlandais résisterait-il, si on voulait exiger de lui la restriction des libertés du pays ? Ne serait-il point politique d’abolir cette loi de 1816 sur la presse que la Belgique est en ce moment occupée à refaire ? À quoi le ministre de l’intérieur d’abord, M. Thorbecke, a répondu fort sagement que soulever de telles discussions, c’était le moyen d’appeler les dangers plutôt que de les éviter. M. van Zuylen est venu compléter, la pensée politique du cabinet en termes mesurés et dignes, de nature à dissiper tous ces fantômes, et il a ajouté, ce qui est très vrai, qu’il est pleinement au pouvoir de la presse d’empêcher par la modération qu’on n’ait à invoquer contre elle la loi de 1816. L’attention publique en Hollande se porte de préférence, depuis quelque temps, sur un objet d’un genre bien différent et d’un intérêt plus positif, c’est l’état des colonies. Divers projets sur le gouvernement des Indes vont probablement être discutés dans cette session. Déjà ils ont été examinés dans les bureaux des chambres, et les opinions semblent assez divergentes sur plusieurs points, tels que la responsabilité du gouverneur-général, les moyens d’évangélisation des possessions d’outre-mer, l’influence de la législature des affaires coloniales, etc. D’un autre côté, le ministre des finances, M. van Bosse, vient de faire pubUer les états du commerce de 1851. La valeur des importations a été, en 1851, de 303,993,224 fiorins ; elle n’avait été, eu 1850, que de 284 millions. La valeur des exportations est montée également d’une année à l’autre de 230 millions à 212 millions de florins. L’Angleterre figure pour plus de 130 millions dans l’ensemble de ce commerce ; puis viennent Java et les autres possessions hollandaises des Indes pour 63 millions à l’importation et 14 à l’exportation. La France vient après le Zollverein et la Belgique. Comme on voit, ces résultats témoignent d’un progrès normal et