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UN ROMAN SOCIALISTE


EN AMERIQUE.





The Blithedale Romance, by Nathaniel Hawthorne, 2 vol, London, Chapman, 1852.




La littérature contemporaine décidément tient à honneur de se rapprocher de plus en plus de certaines sciences dont l’art et la poésie s’étaient jusqu’à ce jour détournés avec soin : elle devient un véritable cours de médecine morale. L’autre jour,l’Uncle Tom’s Cabin ramenait sous nos yeux[1] les pièces du grand procès relatif à la question de l’esclavage; plusieurs fois, à propos de romans et d’ouvrages littéraires, notre attention a dû se porter sur la condition des classes industrielles ou agricoles en Angleterre. L’occasion s’est offerte aussi d’analyser les aberrations morales, les subtilités dangereuses, les ravages de l’orgueil dans les Mémoires de miss Fuller. C’est une étude sur cette dernière classe de maladies que l’Amérique nous renvoie sous ce titre : le Roman de Blithedale, par Nathaniel Hawthorne. Ce n’est plus de la misère et de ses douleurs, de l’esclavage et de ses injustices, — c’est de folies philosophiques et d’aberrations de lettrés qu’il s’agit cette fois. Les superstitions scientifiques et le magnétisme animal tenant lieu de la religion et du monde surnaturel, la croyance aux fluides électriques remplaçant la croyance aux idées éternelles, partout les lois du monde matériel se substituant aux lois du monde moral, les attractions passionnelles de

  1. Voyez la livraison du 1er octobre 1852.