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le sextuor sans accompagnement du troisième acte. Il y a beaucoup de talent dans la musique de cet ouvrage malheureux, dans lequel Mlle Miolan a prouvé encore qu’elle est une des meilleures cantatrices que nous ayons à Paris.

Plusieurs petits opéras en un acte sans importance ont été représentés sur le troisième théâtre lyrique, où l’on vient aussi de reprendre le postillon de Lonjumeau, de M. Adam, pour les débuts de M. Chollet, qui florissait à l’Opéra-Comique il y a de cela une vingtaine d’années. N’est-ce pas le cas de s’écrier avec le sage Salomon: « Rien de nouveau sous le soleil? »


P. SCUDO.


REVUE LITTÉRAIRE.
DES RÉCENS TRAVAUX D’ÉRUDITION ET D’ARCHÉOLOGIE.


l. Manuel élémentaire d’Archéologie nationale, par M. l’abbé Jules Corblet. — II. L’Architecture byzantine en France, par M. de Vernhell. — III. Archives de l’Art français, de M. de Chennevières. — IV. Un Musée bibliographique au Louvre, par M. J. Techener. — V. Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France. — VI. Les grandes Forêts de la Gaule, par M. Alfred Maury. — VII. La Lycanthropie, par M. Bourquelot. — VIII. Monnaies de Cnide et de Mauritanie, par M. Duchalais.

En suivant dans le Journal de la Librairie le mouvement des presses françaises depuis quelques mois, on est frappé de voir combien la production, en fait de nouveautés, est stérile pour les œuvres de pure imagination. La phalange des poetœ minores, qui donnait, il y a tantôt dix ans, un volume par jour au public, s’est dispersée par mille sentiers divers. Les bardes, qui aspiraient à gouverner le monde, et qui guidaient l’humanité vers l’avenir, ont abdiqué ce qu’ils appelaient la royauté du génie, et, désabusés par l’âge et l’expérience, ils ont compris sagement que la gloire et la popularité du succès ne dépendent jamais, en poésie, du nombre des volumes, mais de la qualité des vers. Les romanciers, qui avaient converti le roman-feuilleton en instrument de désorganisation sociale, ont perdu une bonne partie de leur clientèle, et ceux mêmes qui avaient obtenu de légitimes succès ont dû, en présence de l’indifférence du public, se tourner vers le théâtre. Fatiguée, épuisée même par de longues agitations et de tristes excès, la littérature, comme la société, semble aujourd’hui chercher l’ordre et le repos, et il se fait dans les esprits un retour marqué vers les études sérieuses. L’histoire, l’archéologie, les diverses branches de l’érudition, qui s’étaient pour ainsi dire trouvées paralysées par les agitations politiques, reprennent faveur en même temps que les classiques du XVIIe siècle, dont les éditions n’ont jamais peut-être été plus nombreuses que dans ces dernières années. C’est là un symptôme d’apaisement intellectuel qu’il est bon de signaler, et dans la spécialité même qui fait le sujet habituel de nos études quelques livres récemment publiés nous ont paru mériter un examen particulier.

L’un des membres du jeune clergé qui se sont occupés avec le plus de zèle et de succès de l’étude du moyen-âge, M. l’abbé Corblet, a donné, sous le titre de Manuel élémentaire d’archéologie nationale, un résumé rapide, mais substantiel de cette science, qui est devenue de nos jours l’indispensable complément de l’histoire. Forcé de se restreindre en un sujet aussi vaste, M. Corblet a cependant abordé toutes les questions importantes depuis la période celtique